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    Résumé de l'éditeur:

     

     

    Jake Adelstein en a bien conscience : il ne s’en sortira pas vivant sans aide. Après avoir écrit un article sur Tadamasa Goto, il a tout le Yamaguchi-gumi à ses trousses. Partant du vieux principe selon lequel « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », Jake Adelstein engage un ancien yakuza, Saigo, qui appartenait à la branche ennemie de Goto. En échange ? Jake doit écrire la biographie de son protecteur. À partir de la vie de cet homme qui a connu l’âge d’or des yakuzas, Jake Adelstein dresse une fresque épique de la mafia japonaise, des années 1960 à nos jours. C’est Le Parrain au pays du Soleil-Levant, cela commence sur fond de tatouages sophistiqués et se termine dans les milieux de la finance. Entre-temps, les yakuzas ont perdu leur sens de l’honneur.

    Une fresque épique sur la plus secrète des organisations criminelles.

     

     

     

    J'avais lu et adoré Tokyo Vice (dont je parle ICI ), alors j'ai décidé de lire l'effort suivant de Jake Adelstein.

    Au vu du titre vaguement banal, j'avais peur d'être un peu déçu, mais au final il n'en est rien. L'histoire suit donc la vie haute en couleur de Saigo, un Japonais qui se retrouve singulier dès la naissance. En effet, né dans les années 60 d'un père japonais plutôt conservateur et d'une mère américaine d'origine japonaise, Saigo grandit sous l'influence de celle-ci et sans jamais parvenir à se conformer aux convenances qui font les particularismes culturels du Japon. Rustre dans ses manières, doté d'un physique impressionnant, et d'un sale caractère, le bonhomme devient vite un bagarreur hors pair. C'est donc tout logiquement qu'il devient chef d'une bande de bosozokus, les bandes de motards japonais, puis dévie en créant une milice d'extrême droite avant de finalement intégrer un clan yakuza appartenant à l'Inagawa kai, soit le second groupe yakuza du pays par son importance.

    Bon le mec a quand même eu une vie de dingue et est globalement passé par toutes les cases obligatoires du chef yakuza type: les bandes, les milices, la prison, l'enrôlement dans un clan yakuza, la création de son propre gang, l'irezumi (tatouage japonais), les conflits de territoire, l'argent, la drogue (dure), les femmes, le manque d'argent...

    Parce que ce qui est intéressant dans la description des clans yakuzas, c'est que la structure pyramidale de celle-ci est faite de telle sorte que plus tu évolues, plus tu gagnes d'argent et plus tu te dois de gagner de l'argent. Non seulement il faut avoir de l'argent pour l'apparence et le prestige (belle voiture, belle maison, beaux vêtements, beau tatouage, bref tout ce qui renvoie au grade de l'intéressé), mais aussi et surtout parce qu'à la manière d'associations, il faut payer d'énormes sommes d'argent pour les cotisations au groupe, à l'oyabun, ainsi que pour les fonds de soutien aux yakuzas enfermés, aux  enterrements... Inutile de dire que la spirale devient inéluctable, d'autant plus que l'argent qu'on récupère dépend du nombre de soldats dont on dispose. Bref un sacré casse-tête.

     

     

    Contrairement à ce que le titre (un peu fourre-tout) laisse supposer, Jake Adelstein, en racontant la vie de Saigo (dont on ne connaîtra jamais le nom de famille, il me semble), en profite pour raconter l'histoire des yakuzas au Japon, de leur émergence à la fin du 19ème siècle), à leur explosion après la second guerre mondiale. Très généreux en détails et extrêmement documenté, il en profite pour mettre en lumière les rapports ambigüs que le Japon a longtemps entretenu avec les yakuzas, de la population locale à la police, en passant évidemment par l'appareil politique jusque dans ses plus hautes sphères. On y découvre par exemple les liens trouble qui ont existé entre une branche du Yamaguchi gumi (le plus important groupe yakuza du Japon, et avec lequel Jake Adelstein a eu maille à partir) et la secte Aum, une secte mondialement connue pour avoir propagé du gaz sarin dans le métro tokyoïte, ou encore Shinzo Abe dont la nomination en tant que premier ministre se serait faite dans l'ombre de manière "insistante".

    Par ailleurs, Jake Adelstein en profite pour s'attarder sur l'histoire des principaux clans (l'Inagawa Kai et le Yamaguchi Gumi entre autres), à travers les hommes phares qui ont fondé ou participé à l'émergence de ceux-ci, et développe les subtilités qui les différencient comme la philosophie, la région d'origine, les secteurs d'activité (par exemple les tekiyas qui gèrent le commerce des fêtes foraines et festivals) et les limites morales de chaque groupe. C'est d'ailleurs assez drôle de voir les paradoxes des yakuzas, généralement liés à des partis d'extrême droite alors qu'ils sont paradoxalement les structures qui enrôlent le plus grand nombre d'hommes issus de populations traditionnellement discriminées au Japon (les Coréens, les "Burakumin").

    On y découvre aussi les différents rites et cérémonies en usage dans le monde interlope des yakuzas.

     

    Bref, je m'arrête là. En plus de raconter la vie assez passionnante de Saigo, Jake Adelstein en profite pour nous livrer une véritable bible des yakuzas. En ce sens, Le Dernier des Yakuzas est pour moi un incontournable pour qui s'intéresse un tant soit peu au sujet.

     

    Gros livre!

     

    Allez next.

     

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