• Courir Après les Ombres

     

    Résumé:

     

     Du détroit de Bab-el-Mandeb au golfe d'Aden, Paul Deville négocie les ressources africaines pour le compte d'une multinationale chinoise. De port en port, les ravages de la mondialisation lui sautent au visage et au cœur la beauté du monde dont il ne peut empêcher la destruction. Les merveilles qui ne s'achètent pas ne risquent-elles pas de disparaître dans un système où toute valeur se chiffre ? Paul se met alors à chasser un autre trésor : les " écrits jamais écrits " d'Arthur Rimbaud – il veut le croire, le marchand d'armes n'a pas tué le poète. Inlassablement, il cherche. Trouvera-t-il plus que le soleil aveuglant, la culpabilité d'être et la fièvre ?

     

     

     

     

    Comme un con je ne sais par pourquoi mais en lisant le nom de l'auteure je pensais qu'elle était anglophone (je pensais que ça se prononçait "Vinnesonne"). Ben non, elle est bien de chez nous et ça se prononce comme ça devrait se prononcer.

     Sigolène Vinson donc, n'est pas vraiment une inconnue. Ancienne avocate, elle entame assez rapidement une carrière de chroniqueuse entre autres pour Libé et Charlie Hebdo (elle était d'ailleurs présente dans les locaux le jour du drame) et d'écrivain. Courir Après les Ombres est son sixième roman.

     

     

    (l'abus de... peut nuire à votre santé)  

     

    Je ne sais pas pour vous mais je trouve qu'elle a un truc dans le regard d'un peu flippant (pour faire dans l'euphémisme). Je pense qu'on a du le lui faire remarquer car elle parle beaucoup du regard de ses personnages.

     

    A la lecture du résumé et de la première page, j'avais peur du livre un peu pompeux et chiant sur un mec qui nous soule à propos de Rimbaud. Pourtant il n'en est rien. Le deuxième chapitre nous éloigne des considérations poétiques de Paul pour nous ramener dans le monde réel du Djibouti actuel. Dans ce monde Djibouti, tout comme le reste de la corne de l'Afrique n'est plus le territoire lointain des poètes exilés mais une position stratégique et un enjeu géopolitique pour les puissances économiques et militaires.

     Courir après est à la fois l'histoire de son personnage roman choral ou chaque personnage court derrière sa propre lubie, sa chimère. Que ce soit Paul le poète contrarié, Harg le berger, Mariam la petite pêcheuse somalienne, Louise la voyageuse solitaire,  chacun des protagonistes est un nomade à sa façon, poursuit un rêve parfois abstrait dans le seul but de s'affranchir de sa condition ou de fuir une douleur profonde ou simplement une réalité trop cynique.

    Beau, contemplatif et très bien écrit, Courir Après Les Ombres est une histoire multiple qui nous raconte avec justesse la nostalgie d'un monde où la poésie a abdiqué face aux revers de la mondialisation, tout comme le Rimbaud le poète a laissé place au vendeur d'armes. Par ailleurs Sigolène Vinson(qui a passé une partie de son enfance à Djibouti) évite les écueils prévisibles d'une description de carte postale ou a contrario d'un misérabilisme poussif. Chacun vit avec ses douleurs et ses lubies, chacun possède ses propres considérations du monde qui l'entoure qu'ils puissent, chacun éprouve la souffrance du monde à travers son prisme.  

    Le seul reproche que je pourrais faire à la limite, c'est que je trouve que Sophie Vinson a cédé un peu à la facilité avec une conclusion assez... Et même si le dénouement est logique, il est si abrupte qu'il m'a donné l'impression qu'elle en avait eu assez et qu'elle avait abandonné son récit et ses personnages en cours de route. Dommage car ce court roman (200 pages) n'en reste pas moins touchant et envoutant.

     

    Un beau roman qui laisse un goût d'inachevé.

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