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    Rectify c'est d'abord l'histoire de Daniel Holden, un mec qui a été condamné à l'âge de 19ans pour le viol et le meurtre de sa petite amie. 18 ans plus tard, grâce l'apparition de nouvelles traces ADN, il bénéficie d'une remise en liberté immédiate dans l'attente d'un nouveau jugement. En attendant il retourne s'installer dans la petite ville où il a grandi et où la plupart des gens le croient toujours coupable.

    Obligé de retourner chez sa mère qui s'est remariée durant son incarcération, il doit renouer des liens avec celle-ci, sa soeur et son petit frère qu'il n'a pas vu grandir, apprendre à côtoyer son beau père et son demi-frère, et surtout apprendre à se réadapter à la vie en société et se reconstruire.

    Aden Young, excellent dans le le rôle de Daniel Holden

     

    Accueilli par de très bonnes, voire d'excellentes critiques, Rectify fait partie de ces séries qui privilégient la description et les personnages à l'action et à l'intrigue. Contrairement à un Homeland qui mise tout sur le divertissement pur, Rectify qui repose finalement sur le même postulat (un homme libéré tente de se réinsérer, mais sans qu'on sache s'il est réellement du bon côté ou non) opte pour un traitement bien plus lent et axé sur la condition d'un homme a qui on a tout pris et qui tant bien que mal tente de renouer avec le monde qu'il a quitté 19 ans plus tôt.

    Créée par Ray McKinnon et "produite" par Sundance (société production dérivée du prestigieux festival indépendant du même nom inventé par Robert Redford), la série prend donc le temps de décrire l'évolution d'un personnage à la fois ambigu et attachant dans son rapport aux autres et à lui-même. Pourtant même si elle  est située dans une petite bourgade d'Alabama, elle n'a rien d'un mélodrame ou d'un soap. Entrecoupée de flashbacks du couloir de la mort, parfois durs, cette série est, plus qu'une simple critique du système judiciaire,  une ode à l'humanité où le mal comme le bien est finalement tapi au sein de chacun des protagonistes. Dans la veine de beaucoup de nouvelles séries comme celles d'HBO par exemple,  la série a bénéficié d'un gros travail  d'écriture, ce qui engendre une grande qualité au niveau de la description et de la caractérisation mais également du déroulement de l'intrigue (car il y en une, un meurtre non élucidé). Du coup les saisons comportent très peu d'épisodes (6 pour la première).

     La série est évidemment diffusée sur Sundance Channel mais également sur Arte (une des meilleures chaînes du PAF, sachez-le lol) sur laquelle j'ai d'ailleurs maté la première saison.

     

    Voici un petit trailer:

     

     

     

     En conclusion: une série à regarder ne serait-ce que parce qu'elle tranche avec les séries de fiction habituelles.

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    Je voulais voir ce documentaire quand il est passé sur Arte (une des meilleures chaines du PAF, sachez-le). Manque de bol, je l'avais raté. Heureusement Youtube a été inventé et même si les pubs à outrance me gonflent depuis le rachat de Google, il n'empêche qu'il permet de retrouver de nombreuses perles.

     

    Pour en revenir à ce documentaire très intéressant, on plonge dans les rouages de l'économie de marché russe, et précisément sur un phénomène très particulier: les expropriations sauvages de fructueuses sociétés.

     

    Comme souvent en Russie tout a commencé au moment de l'effondrement du bloc soviétique et des balbutiement de l'économie de marché. Comme on le savait déjà, de nombreuses personnes peu scrupuleuses en ont profité pour se faire leur beurre. Pour y arriver, ces nouveaux "hommes d'affaires" utilisent les services de groupes d'un nouveau genre: les raiders.

    Les raiders, ce sont des groupes (illégaux) dont la mission principale est d'investir par tous les moyens les locaux d'une société dans le but de dégager les occupants et surtout de récupérer toute la trésorerie, la comptabilité et les documents administratifs de la société. Autant dire que la force et l'intimidation sont de mise. Mais là où les mecs sont plus malins que le truand moyen, c'est qu'ils utilisent des équipes de juristes et d'avocats afin de falsifier les documents comme bon leur semble et modifier les titres de propriété, tout ça en graissant la patte de qui de droit (flics, juges, avocats, fonctionnaires haut placés).

     

    Evgueni Tchitchvarkine, cofondateur d'Euroset réfugié à Londres et dont la mère a été assassinée

     

    Ce qui est effrayant c'est que ce phénomène touche toutes les couches de la société russe, ce qui montre à quel point la corruption gangrène profondément le pays du petit propriétaire d'appartement au gérant d'une société générant des millions d'euros de chiffre d'affaire. Le documentaire repose sur les interventions de d'économistes, de spécialistes et bien entendu de victimes de ce système parmi lesquelles Evgueni Tchitchvarkine  (fondateur et ex gérant de la société de mobiles Euroset, réfugié à Londres depuis 2009), et William Browder, un des principaux acteurs de l'affaire magnitski.  Cette affaire sordide qui a débouché entre autres sur un meurtre (appelons un chat un chat) et une escroquerie d'une ampleur gigantesque (près d'un milliard d'euros).

     

    Serguei Magnitski, curieusement mort en prison quelques jours avant sa libération

     

    Ce docu fait également écho au très beau film russe Leviathan sorti il y a 2 mois environ et que je n'ai pas "chroniqué" car il aurait fallu que je le revoie pour le faire correctement.

    Trailer de Leviathan

     

    Pour résumer, ce documentaire est très intéressant malgré une forme parfois didactique et une musique un peu à côté de ses pompes (on dirait la musique d'un film de cirque ou de série d'enfant produite par France 3 Périgord par moments, ce qui contraste avec la gravité du sujet), et il mérite d'être vu pour son sujet sur une Russie qui fait froid dans le dos.

     

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    Ce superbe docu diffusé sur Public Sénat (unes des meilleures chaines du PAF, rappelons-le) raconte la façon dont l'affaire UBS a fait changer la donne concernant le sacro-saint secret bancaire suisse.

     

    Tout commence en mai 2005 lorsque le FBI lance une perquisition chez le milliardaire Igor Olenicoff soupçonné de fraude fiscale à grande échelle (environ 200 millions de dollars). De fil en aiguille, les autorités américaines tombent sur le nom de Bradley Birkenfeld, alors conseiller et  gestionnaire de fond au sein de la banque UBS. Son rôle est de démarcher  de riches clients américains afin de leur proposer de placer leur argent en Suisse et ainsi d'éviter d'être soumis à l'impôt. Bien qu'évidemment parfaitement illégale, cette pratique est largement répandue auprès des banques suisses.

     

    Igor Olenicoff surnommé le milliardaire aux poches vides par le magazine Forbes

     

    Birkenfel sentant le vent tourner, il décide de prendre les devants et se présente devant la justice en espérant bénéficier du statut de lanceur d'alerte. En vain. Tout comme Igor Olenicoff, il est poursuivi et finalement incarcéré.

    Bradley Birkenfeld, qui après 2 ans de prison, a bénéficié de 104 millions de dollars par le fisc américain pour "mérite"

     Pour la première fois de l'histoire, les  Etats Unis réclament à UBS de leur fournir une liste de 4000 exilés fiscaux. Au final  ce sera  15000 exilés qui se  présenteront au fisc américain  de  peur de représailles financières et pénales.

     Ce qui est énorme c'est que malgré les sanctions prises par le gouvernement américain à l'encontre d'UBS, de nombreuses autres banques se sont jetées sur les clients délaissées par leur consoeur, et se sont faites griller à leur tour. On peut tout de même se demander ce qui est passé par la tête des dirigeants de ces grandes  banques pour vouloir tenter un coup pareil. C'est la goutte d'eau pour les Etats Unis qui renforcent leur pression sur la Suisse. Toutes les banques incriminées sont condamnées à de lourdes sanctions dont Wegelin, une des plus anciennes banques suisses, qui écope de 74 millions de dollars. Une pénalité dont elle ne se relèvera pas.

     

    Wegelin & Co, qui a fermé en 2013

     

    C'est le début de la fin pour le secret bancaire suisse. Le mal est fait. La pression est telle que la Suisse valide même la demande des Etats-Unis de leur fournir la liste des employés de banque quand bien même ils ne travailleraient pas du tout dans ce domaine. La  brèche créée par les Etats-Unis va permettre aux autres gouvernements (France, Allemagne etc) de s'y engouffrer afin de récupérer le manque à gagner de la part de leurs plus riches et moins scrupuleux contribuables..

     

    Ce passionnant docu décrit de manière simple et limpide, à la manière d'un polar ou d'un film d'espionnage l'évolution d'une une "banale" affaire d'évasion fiscale (bon 200 millions de dollars quand même) vers une affaire d'état aux enjeux financiers internationaux considérables. Car c'est de ça qu'il s'agit. Les Etats-Unis, qui mettent à genoux le gouvernement suisse, ne sont pourtant pas les mieux placés pour donner des leçons de morale. L'avidité et la politique trop agressive d'UBS ont eu raison de la domination des banques suisses dans ce domaine. Pourtant si le bouleversement de cette situation est indéniable, ce n'est qu'en surface. Les Etats Unis paradoxalement  tentent toujours d'attirer des fonds privés étrangers  (l'Etat du Delaware  ferait apparemment office de très bon paradis fiscal pour tout étranger) et les évasions se font vers d'autres destinations, principalement l'Asie. Car si les joueurs changent, le jeu reste le même. Comme le souligne ironiquement la fin du documentaire, UBS est finalement redevenue la première banque mondiale de gestion de fonds privés.

     Bref c'est à voir ne serait-ce que pour voir le cynisme des forces politiques et financières qui régissent le monde.

     

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  • Le Sang et le Sabre

     

    Comme je l'ai déjà dit, j'aime beaucoup les mangas (seinen en général) qui s'attachent à montrer un regard un peu différent que celui qu'on porte généralement au Japon ici. J'aime bien la noirceur de certains mangas qui montrent qui prouvent que ces oeuvres sont loin de se limiter à des divertissements pour enfant. Certains shonen arrivent aussi à faire preuve d'une certaine noirceur en filigrane (Full Metal Alchemist, Hunter x Hunter, Death Note) mais bon j'en reparlerai.

    Shigurui raconte donc l'histoire, ou plutôt la déchéance d'une école d'arts martiaux tenue par un vieillard sénile et cruel et l'extrême rivalité qu'entretiennent Fujiki Gennosuke, élève tout désigné pour devenir l'héritier du dojo, et  Irako Seigen, un nouveau venu aussi mystérieux que prétentieux.

     

    Rarement un anime n'aura été aussi loin dans la description anatomique de la violence. Ici pas d'effusion de sang à gogo mais des fractures et autres amputations détaillées avec la précision d'un chirurgien. Bref, ça fait mal, voire plus encore.

     

    Le genre de scène à laquelle on doit s'attendre en regardant Shigurui

     

     

    Mais là où l'anime fait très fort, c'est dans la caractérisation et la psychologie des personnages. En effet l'histoire est très réaliste, et malgré ce qu'on peut penser au début il n'y a pas vraiment de héros. Entre un élève tellement droit qu'il est proche de la lobotomie et un arriviste de premier ordre au passé misérable, les deux rivaux qui se vouent une haine sans limite inspirent à la fois de la sympathie et du mépris finalement. La mise en scène à la fois déstructurée et contemplative ajoute un sentiment de malaise tout au long de l'anime.Entre droiture et règlements de comptes, les personnages à la morale douteuse, l'ambiance poisseuse et vénéneuse s'instaure progressivement pour donner à cet anime malsain une couleur et un cachet uniques qui marquent longtemps après son visionnage. Pour un anime en seulement 12 épisodes, c'est un tour de force.

    A voir absolument

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  • version Sin City

    la version Tony Scott

     

     

    Alors comment dire... Comme on peut le voir sur l'affiche les mecs se sont pas foulés pour rappeler les références affichées du film. A la base avec un pote on devait aller voir Un Homme Très Recherché mais finalement on a raté la séance alors on s'est rabattu sur ça.

     

    Le trailer

     

     

    Le résumé: un vieux papy qui bosse à Leroy Merlin se prend d'amitié d'une jeune prostituée qui rêve d'être chanteuse. Seulement voilà, elle est russe et après avoir raté un rdv, son ruskov de proxo la corrige sévèrement pour l'exemple. Papy entre alors dans une colère noire et décide de faire le ménage parmi les vilains Ruskov qui pullulent à New York.

     

    Denzel au Leroy Merlin

    Denzel au Leroy Merlin

     

    On pourrait parler longtemps d'un pitch aussi improbable (le film est pourtant tiré d'une série télé nettement moins barrée de mémoire), pourtant le pire est à venir: le début est assez chiant mine de rien au point que je me suis surpris plusieurs fois à piquer du nez. En gros: papy va au boulot, papy entraine le futur gros vigile à maigrir, papy lit son bouquin en buvant son thé (gratuit) tout en discutant avec la pute qui mange  (gratuitement) dans le bar du coin (j'aimerais bien avoir l'adresse de ce café il a l'air cool).

     

    The Equalizer - Retraité on Fire 

    Chloe Moretz pas crédible une seconde en pute kossovar

     

    Comme d'hab chez les Ricains la fille a des rêves et enregistre des démos dans l'espoir d'être chanteuse. Elle a le temps de lâcher 2-3 CD à Papy Denzel entre 2 passes, parce que c'est bien connu les proxo des pays de l'est forment les filles sur le terrain avant qu'elles deviennent des stars (...). Après avoir appris sa monstrueuse correction (3 patates dans la gueule, on s'attendait à pire)  Papy Denzel se rappelle vaguement de son rôle dans  Man on Fire et veut sa revanche sur les méchants.

    Je sais pas sur quelle planète il vivait mais le mec s'est rendu compte que les filles des réseaux étaient maltraitées à 55 balais. Balèze non? A partir de là il redevient le tueur implacable qu'il voulait oublier.

    Après tout ça on a droit aux délires à la Transporteur du style "je regarde ma montre, dans 17 secondes il faut que j'aie tué un truand et 5 hommes de main"

    Denzel cachetonne sévèrement dans le rôle du mec cool, puis du mec froid et sombre comme la mort face à des méchants tatoués comme des aztèques.

     

    Denzel en tueur effrayant 

    Denzel en tueur glacial, effrayant

     

    On a bien sûr droit à des tonnes de clichés comme les Ruskov mafieux au dessus des lois (Vladimir Pouchkine, ça s'invente pas), un papy tueur  qui met tout le monde à l'amende sans jamais prendre la peine de courir tel un fantôme, des clichés comme si c'était le jour des soldes ("ils les ont tués en leur mettant les couilles dans la bouche, c'est typique des Russes" d'après un agent américain).

     

    Denzel le nettoyeur 

    Denzel en nettoyeur cool

     

    C'est tellement cliché qu'on se serait cru revenu à l'époque des films reaganiens comme Double Détente ou Rocky 4, au point que les scénaristes n'ont même pas pris la peine de mettre un perso russe gentil pour faire contrepoids. Je passe sur le final digne de Maman J'ai Raté l'Avion au Leroy Merlin et un épilogue pathétique pour pas spoiler mais putain Fuqua... Fuqua? Ouais le  mec derrière Training Day, mais surtout le mec derrière L'Elite de Brooklyn, The Shooter et d'autres conneries du même genre. Le mec semble satisfait de sa filmo catastrophique.. Je crois que c'est bien le réal qui porte le mieux son nom sérieux.

     

    The Equalizer - Retraité on Fire

     Remerciez-moi pour ce futur classique!

     

     

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