• Le Gang des Antillais

     

     

     

     

     

     

     

     

    Résumé:

     

     

     

    Dans les années 70, le BUMIDOM promettait de favoriser l’insertion en métropole des français des DOM-TOM. Jimmy Larivière, arrivé à Paris pour refaire sa vie, ne parvient pas à trouver sa place dans la société. Sa rencontre avec un groupe de trois jeunes Antillais va l’entraîner dans une série de braquages retentissants.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Le BUMIDON c'est quoi? Et bien pour faire simple, c'était un programme de migration des habitants des DOM (essentiellement Guadeloupe, Martinique et Réunion) vers la métropole initié par Debré dans les années soixante. Ce programme a eu différentes raisons: répondre au dépeuplement de certaines régions de France (où des centaines, voire davantage, d'enfants réunionnais ont été enlevés à leur famille pour rejoindre des familles d'accueil, un scandale assez méconnu donc), et également calmer la grogne qui montait aux Caraïbes où les habitants se sentaient livrés à eux-mêmes (chômage pauvreté etc). Ca leur a aussi apporté les congés bonifiés mais c'est une autre histoire. Le contexte peut donc rappeler celui de Scarface (la version de De Palma) où Tony Montana profitait d'un décret permettant aux Cubains jugés indésirables d'émigrer aux Etats Unis. Voilà pour la minute culturelle.

     

    C'est triste à dire mais à mes yeux ce film symbolise assez bien un certain cinéma français alternatif:une volonté d'aller hors des sentiers battus, mais un talent et des moyens loin d'être à la hauteur des ambitions affichées. C'est globalement assez nul, et très cheap. C'est mal joué, mal éclairé, et extrêmement mal mis en scène... Par moments on dirait un téléfilm, et un téléfilm du style au croisement entre PJ et un court métrage de l'ESRA. C'est vraiment chaud. Et l'écriture putain, c'est abusé. Enfin entre ça et la mise en scène y a quand même match. Cette accumulation de scènes à la fois bateau et cliché ça fait longtemps que j'avais pas vu ça, vraiment très longtemps et j'exagère même pas.

     

     

     

     

    Jimmy (Djedje Apali), un jeune désœuvré qui élève seul sa fille Odile (Zoe Charron)

     

     

     

     

    En fait on a le droit à tous les passages obligés d'une "rise and fall story" (Scarface, l'Impasse, Les Affranchis, Le Loup de Wall Street etc.) : les origines modestes, les premiers succès, la love story (totalement éclatée, on dirait un truc entre un clip de zouk/compa et le clip de Ghetto Sitcom, la vieille chanson de Disiz), les premiers succès, les premiers conflits avec des ennemis, la chute, et évidemment l'hypothétique rédemption qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Sans oublier les séquences émotions (du style "papa, c'est quand que tu reviens à la maison? Pas maintenant ma chérie" ) ou les questionnements moraux avec les proches (du genre "ce que tu fais n'est pas bien Jimmy!"). Bref.

    Le découpage est horriblement convenu, on dirait vraiment qu'il a été pensé par un automate. Les personnages quant à eux ne sont pas mieux lotis et la plupart n'ont aucune épaisseur (le comble vu qu'il s'agit d'une histoire vraie). La palme revenant au héros qui arrive à être antipathique alors qu'on devrait éprouver une certaine compassion pour lui. Même la voix off tend à desservir le film tend elle est mal utilisée (dans tous les sens du terme). Mais ce qui est fou c'est que même niveau dialogues, on ne ressent absolument jamais l'impression que l'histoire se passe dans les années 70-80. C'est très étrange.

     

     

     

     

    Molokoy (Adama Niane), Liko (Vincent Vermignon), Jimmy et Politik (Eriq Ebouaney): Le gang des Antillais

     

     

     

     

    La musique est globalement du même acabit même si elle élève un peu le niveau. Enfin un peu. Pour le reste, elle est à l'image du film: elle part un peu dans tous les sens. Ainsi on a droit à un piano intimiste (pas mal) lors des séquence émotion, puis à de la "soul" en mode blaxploitation, en passant par du rap français (!!), voire américain (!!!). Et c'est triste mais même si c'est Lino ou Talib Kweli qui rappe, ça ne change rien au fait que c'est assez hors sujet. A la limite ça va mieux quand on entend quelques morceaux de biguine. C'est d'ailleurs dommage à mon sens de ne pas avoir capitalisé dessus.

     C'est fou en y repensant. Y a rien qui va lol.

     

    Alors, est ce qu'il y a quelque chose à sauver dans ce film? Pas Kassovitz en tout cas dont la prestation en tenancier sympathique n'est pas crédible une seconde. Néanmoins, parmi les grands noms qui ont participé, on peut retenir Jocelyne Beroard (qui est toute mignonne en petite "mamie"), et surtout Romane Bohringer qui doit être la seule à bien jouer (avec Lucien Jean Baptiste mais son rôle relève presque de la figuration). Pour continuer dans la distribution on peut aussi noter la présence de Zita Hanrot (qui a joué dans plein de trucs Fatima, La Vie Scolaire ou encore la fête est Finie) comme dans le rôle de la fraîcheur de service, un rôle qu'elle remplit physiquement plutôt bien.

     

    Linda (Zita Hanrot), l'amour de Jimmy

     

     

     

    C'est dommage. J"aurais aimé aimer ce film. Mais non, pour faire simple y absolument rien qui fonctionne dans ce film.

    En fait le vrai problème du film (le problème originel du moins), c'est que le réal n'a jamais fait preuve d'un vrai parti pris artistique (au sens large) tant dans le traitement que dans l'écriture même. Ce qui fait qu'on se retrouve avec une espèce de mix entre la fresque "mafieuse", le film de blaxploitation, la critique sociale, et le biopic, le tout à la sauce France 3 région Ile de France. Et évidemment l'équilibre n'est jamais trouvé.

    Bref, Jean Claude Barny (le réal) a vu trop gros, ou trop mal je sais pas. Mais il a pas vu grand chose en tout cas. Quitte à choisir autant se refaire Neg'Marron avec Admiral T et Stomy Bugsy, du même réal et autrement plus réussi.

     

    Tant pis, le sujet et le contexte étaient pourtant intéressants et avaient un certain potentiel; mais au final non. Comme quoi, de bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon film. J'espère que le livre est plus réussi.

     

     

    Allez next.

     

     

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