• Paname Underground

     

    J'en avais entendu parler depuis un moment j'ai fini par le prendre.

     

     

     

    Après Last Exit To Brooklyn et Crackopolis, on pourrait croire que je me fais une série sur les bas fonds. C'est d'ailleurs peut-être vrai, inconsciemment.

     

    Le résumé:

     

    Zarca, écrivain à la petite renommée peut-être plus pour sa vie dissolue et ses relations douteuses que pour ses romans, cherche un nouvelle idée pour son prochain livre. Un jour, Dina, sa "frelonne", sa meilleure amie (et plus encore) lui soumet l'idée de faire un guide des bas fonds parisiens. Après avoir laissé l'idée faire son chemin, Zarca finit par s'atteler à l'ouvrage. Mais alors qu'il plonge de plus en plus profond dans les méandres de l'underground, il est victime d'une tentative de meurtre. Qui peut lui en vouloir à ce point? A travers son enquête, Zarca s'enfonce dans la spirale de la violence et de la déchéance, et la réalité finit par se mélanger à la fiction.

     

     

     

     

    On va commencer par l'auteur comme d'hab. Qui est zarca? Zarca (Johann Zarca dans la vraie vie) est un écrivain de 34 ans originaire de Bry sur Marne. Après avoir fait des études de journalisme, il enchaine des emplois alimentaires. Il se fait connaître  tout d'abord avec son blog sur l'underground, il décide de compiler ses meilleurs articles pour en faire un livre. Son premier roman le Boss de Boulogne, connait un petit succès. Plusieurs autres romans suivront. Conjointement à Pierre Ducrozet avec L'Invention des Corps, il devient lauréat du prix de Flore avec Paname Underground, son quatrième roman.

     

     

     

     

     

     

    Zarca... je me disais bien que ce nom me disait quelque chose. C'est le même nom que la dentiste qui m'a bousillé les chicots quand j'avais douze ans (véridique). Cette p. m'a niqué les dents, à coup de "prévention". Du coup aujourd'hui j'ai quarante ans et toutes mes dents, mais faut voir l'état des dents. Elle a plombé tout ce qu'elle a pu. J'ai longtemps voulu retourner la voir pour lui arracher des dents mais je ne me vois pas brutaliser une vieille de probablement 60-70 balais aujourd'hui. Et puis pour le recours "légal", il doit y avoir prescription. Donc un conseil : n'envoyez pas vos gamins chez n'importe quel dentiste. Question chicots lui non plus n'a pas l'air d'en avoir de belles, mais c'est sûrement davantage dû à ses excès (de drogue) qu'à une dentiste véreuse de Saint Denis. Vu sa gueule et le sujet de ses livre (le bois de Bou, Pattaya, les sex shop, les back room...) le mec a l'air du type bien barré. Le genre mec qui a besoin "d'expérimenter" tout et n'importe quoi. Un mec avec peu d'interdits quoi.

     

     

     

    Mais revenons en au livre.

     J'aime bien l'article du 20mn au sujet du roman (et qu'on peut retrouver ICI):

     

    "Avec son dernier roman, Johann Zarca, 33 ans, frappe fort : l’argot juste, le style frontal."

     

    Non mais lol.

     

    Dès les premières lignes j'ai eu mal aux yeux.

    Franchement, avec son argot (un mélange d'argot de quartier, de "javanais", et d'argot de polar), on a essayé de nous le vendre comme une espèce de nouveau Céline ou un truc dans le genre. Euh oui mais non. Parce que personne, je dis bien personne, ne parle comme ça dans la vraie vie. Pas que les mots et expressions qu'il utilise n'existent pas (ils existent tous, enfin j'imagine, je dois en connaître 80%). Simplement personne, même le plus grand cassoce de l'espace ne fait de phrase comme les siennes avec 8 mots d'argot sur une phrase de 10 mots. C'est impossible. Du coup, ça m'a un peu gêné, comme si le mec voulait en faire trop pour montrer à quel point il savait de quoi il parlait.

    Parce que oui, le mec sait effectivement de quoi il parle. Simplement je ne suis pas sûr que son usage systématique de l'argot ait une quelconque valeur ajoutée. En réalité, Zarca n'a, je pense, même pas la volonté d'être authentique. Du coup, plutôt que Céline, il serait plutôt à rapprocher d'Audiard (toutes proportions gardées), dans le sens où à travers des expressions familières qu'il s'est appropriées, il a inventé un langage qui fait sa singularité. Vu son succès, il a bien fait.

     

     Comme j'ai dit, Zarca sait de quoi il parle. Si Barbès, Chateau Rouge, Stalingrad, Porte de La Chapelle ou Porte d'Auber sont déjà bien connus des Parisiens comme moi, il nous fait découvrir  d'autres bas fonds, parfois insoupçonnés comme le jardin Vuillemin où les Afghans se regroupent pour toutes sortes de business (y compris se fournir en opium), cette planque d'armes des fascistes/ néo nazis parés pour une guerre civile façon "helter skelter" de Charles Manson, ou encore, bien plus glauques, les back rooms hardcore de la capitale.

    D'ailleurs comme je viens de le lire sur la page FB de la maison d'édition, Le Gouffre, la back room la plus trash et sordide de Paris, aurait inspiré le club Le Rectum dans le film Irreversible de Gaspar Noé (sa description m'a aussi fait penser à la back room trash de Cruising, le film de Friedkin avec Al pacino). Zarca n'est pas avare en détail et nous balance d'ailleurs des rumeurs sur le lieu qui font froid dans le dos.

    Concernant le reste Zarca est tout aussi prolixe et le roman se révèle riche en anecdotes comme l'histoire de ce criminel de Pigalle qui possèderait plusieurs bars à hôtesse, plusieurs grec, et racketterait Michou, l'homme en bleu des soirées parisiennes.

    D'ailleurs au delà Michou, l'histoire nous fait croiser de manière tout à fait hasardeuse la route entre autres de Virginie Despentes dans le 20ème, celle de Logan, un faf proche de Marion Maréchal qui avait fait parler de lui il y a quelques années en tabassant et en humiliant Edouard Klein (un responsable du GUD, ce qui lui a valu une peine de prison), et celle de Erik Remès,, l'écrivain homosexuel dont je me souviens encore du passage chez Ardisson il y a plus d'une dizaine d'années je pense. Ce dernier, qui est un ami de zarca, a d'ailleurs une place relativement importante dans le livre.

    Alors que dire de plus sur ce roman en plus de son écriture particulière? Bah on peut dire qu'il est très rythmé. Et aussi "excentrique" soit l'écriture de Zarca, elle reste efficace et personnellement je me suis totalement plongé  dans ce roman assez addictif. C'est bien simple: après un Last Exit To Brooklyn qui m'a tenu la jambe pendant 2 ou 3 mois (j'y arrivais pas), j'ai lu celui-là en quelques jours à peine.

    MAIS, parce qu'il faut toujours un mais, pourquoi Zarca s'est tourné vers le polar? Même si sa trame policière a permis à son auteur d'articuler son guide autour d'une trame narrative, je ne suis pas vraiment rentré dans l'histoire criminelle. Pour moi l'idée du guide se suffisait à elle-même, pas besoin d'en rajouter avec ses histoires de meurtre blablabla. Enfin bon, pas que ça ma gêné mais j'aurais trouvé le livre meilleur sans.

     

    En l'état, Paname Underground reste un roman assez singulier, aussi glauque que marrant, et assez fascinant sur l'underground parisien. Mêlant voyous, homosexuels, caïds de cités, travestis, prostituées, dealers, migrants, sdf, toxicomanes, néonazis et plus encore, ce roman est un sympathique ovni dans le paysage littéraire français.

    A lire donc.

     

     

     

    Allez next. 

     

     

     

    Bonus: le teaser du docu Paname underground que Zarca comptait monter (et qui je crois est au point mort) histoire de faire taire ses détracteurs sur un hypothétique underground fantasmé.

     

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Blogmarks Pin It

    Tags Tags : , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :