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A Most Violent Year
M'étant réveillé à 5h30 le matin même et ayant manqué de pioncer en plein meeting d'entreprise au milieu de près d'une centaine de personnes, j'appréhendais d'aller me taper ce film après une rude journée de boulot. Enfin un pote était assez motivé pour aller le voir.
Perso j'étais moyennement emballé. OK j'avais adoré Margin Call (qui est assez énorme dans son genre) mais sans l'avoir vu le 2nd film de JC Chandor avec Robert Redford tout seul sur un bateau m'avait l'air bien naze. Aussi voir cette bande annonce digne d'une fresque mafieuse me laissait un peu douter du truc:
Reprenons depuis le résumé de Allociné:
New York - 1981. L'année la plus violente qu'ait connu la ville. Le destin d'un immigré qui tente de se faire une place dans le business du pétrole. Son ambition se heurte à la corruption, la violence galopante et à la dépravation de l'époque qui menacent de détruire tout ce que lui et sa famille ont construit.
Abel Morales (Oscar Isaac), obsédé par la non violence et l'honnêteté malgré un air de Michael Corleone
Voilà. Le résumé aussi concis que flou. Le pb c'est qu'il résume pourtant bien l'histoire. Alors déjà première surprise à la sortie du ciné : je ne me suis pas endormi. Cool!
Deuxième surprise qui risque d'en déstabiliser plus d'un: le réal et les publicitaires sont de sacrés roublards car il s'agit d'un "drame" avec un titre de polar, filmé comme un polar, avec une bande annonce de polar mais qui n'est pas un polar. Oui il y a quelques flingues, une fusillade, des flics et quelques truands mais ça n'en fait pas un polar pour autant. C'est simplement l'histoire d'un mec honnête et droit, obsédé par le rêve américain et totalement persuadé qu'il peut réussir dans les affaires sans jamais se salir les mains dans l'illégalité.
Anna Morales (Jessica Chastain), fille de gangster qui se révèle être bien plus que la simple femme d'Abel
Là où le film est très fort c'est justement dans cette idéalisation à outrance du héros pour ces vertus et cette obstination de toujours être conforme à la légalité, même quand tout ce qu'il a bâti s'écroule autour de lui. Dit comme ça ça pourrait être cliché mais une maxime du style "seuls l'honnêteté et le travail paient" pourrait être le leitmotiv du héros, un homme pourtant habillé comme un parrain, cerné par la police avec plusieurs affaires sur le dos, aux prises avec des concurrents dangereux, et entouré de gens tous plus douteux les uns que les autres.
La famille Morales et le district attorney Lawrence (David Oyelowo), un procureur tenace
Côté mise en scène les acteurs sont tous excellents évidemment. La toujours aussi mimi Jessica Chastain est parfaite en blonde (elle m'a fait penser à Michelle Pfeiffer période Scarface en moins classe), Oscar Isaac également comme le reste de la distribution. La photo qui tend un peu vers une dominante jaune renforce l'aspect rétro années 80 sans non plus tomber dans les clichés. D'ailleurs, et c'est un des nombreux points forts du film, il y a un soucis du détail vraiment évident. Pas seulement dans dans la représentation graphique du New York des années 80, mais aussi dans la caractérisation des personnages (tout en nuance), des décors, des postures. On ressent l'énorme travail (d'écriture, et de recherche) qui a été fait en amont pour aboutir à ce résultat.
Finalement, c'est un beau film bien plus intelligent qu'il n'y parait. Une allégorie du rêve américain et de la manière dont a été bâti ce pays en somme.
Tags : A Most Violent Year, J.C Chandor, Jessica Chastain, Oscar Isaac, New York, Margin Call
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