• A Touch of Zen

    A l'occasion de sa restauration et ressortie j'ai été voir ce film:

     

     

     

     

    Résumé (choppé sur Wiki pour changer):

     

    La Chine sous la dynastie Ming. Yang Hui-chen, dont le père a été assassiné par la police politique du Grand Eunuque Weï, a réussi à s'échapper avec l'aide de deux généraux rebelles. Ayant trouvé refuge dans une citadelle frontalière abandonnée, la jeune fille est repérée par des espions impériaux. Pour l'aider à affronter les gardes lancés à sa recherche, elle trouvera un soutien inespéré auprès de Ku Sheng-chai, un jeune lettré qui se révèle un redoutable stratège, et surtout de Maître Hui-Yuan, un moine bouddhiste dont la force spirituelle n'a d'égale que sa maîtrise des arts martiaux…

     

    Le trailer

     

     

    King Hu c'est un peu avec Chang Cheh le pape du wu xia pian. Surtout connu ici pour son film l'Hirondelle d'Or, il a marqué le genre par la singularité de ses oeuvres. En effet il a apporté un souffle épique à ses films et ne dimension artistique indéniable dans une époque où les films étaient produits en série (le terme production étant d'ailleurs totalement justifié pour le coup).

     Peronnellement j'ai toujours été un grand fan des films d'arts martiaux. Un peu comme les membres du Wu Tang ou Mc Solaar, j'allais au cinéma le Trianon (près de Pigalle où Solaar allait également d'ailleurs) mais avec ma mère et ma soeur voir les vieux films hongkongais doublés parfois n'importe comment. Par contre j'étais tellement petit (de 3 à 6ans environ) que je ne me souviens pas de la plupart des films donc en fait c'est plutôt ma mère qui faisait comme le Wu Tang.
    Pourtant j'ai plein de souvenirs de scènes de films parfois archi gores ou totalement délirants dont je ne retrouverai probablement jamais le nom, du style avec:
    un méchant qui ne supporte pas la vue des nichons et qui se fait battre comme ça,
    des moines shaolin qui supportent les coups de partout même aux couilles,
    des gentils qui se battent entre eux avant d'unir leurs forces pour battre le méchant presque toujours moustachu,
    des sabreurs manchots,
    des boxeurs manchots, des guillotines volantes...

    Des ambiances de ciné à l'ancienne que les moins de 30-35 ans ne peuvent pas connaître: bande annonces de Bruce Le (oui oui Bruce Le), des pubs Galak, Bahlsen et Chocoletti, des doubles programmes, des ouvreuses...

    Rien que d'y penser j'en ai la larme à l'oeil comme Eddy Mitchell et sa dernière séance. Une des meilleures périodes de ma vie et je remercierai jamais assez ma mère pour ça. Par la suite on a dû arrêter d'y aller vu que le faible prix des places ramenait plus de clodos que de spectateurs et que le ciné devenait de plus en plus miteux. D'ailleurs il a fermé un bon moment avant de redevenir le théâtre et la salle de concert classieuse qu'il est maintenant. J'y suis retourné pour le concert de Mobb Deep quasi 30 ans plus tard et ça m'a fait tout bizarre...

     

    Fin de la séquence nostalgie/émotion.

     

     

    Bon revenons en au film. Déjà il faut savoir qu'il fait 3h. Oui oui 3h, ce qui est assez étonnant pour un film de ce genre. En fait à sa sortie le film est sorti en deux parties et aujourd'hui il est présenté en version intégrale. Autant dire qu'il faut être un peu plus en forme que moi pour le savourer pleinement (mon pote m'a dit qu'il m'a mis un coup de coude un moment pour m'empêcher de ronfler). J'ai bien dû rater un peu plus de 15mn. Pas grave... Pourtant malgré cette durée digne d'un Bertolucci, le film passe tout seul. L'histoire est bien ficelée avec pas mal d'humour mais un aussi un certain sens dramatique. En effet même s'il y a beaucoup d'action King Hu préfère mettre ses personnages et leurs destins en avant. En témoigne le semi héros du film personnifié par Ku Shen Chai un modeste aspirant instituteur,  vieux garçon harcelé par sa mere pour trouver une situation et se marier. Aussi lorsque cet homme gentil mais naïf, pas très beau et malingre tombe amoureux d'une femme totalement opposée, on sait que leur histoire d'amour contrariée est plus ou moins vouée à l'échec.

     

     

     
    Ku Shen Chai (Chun Shih), modeste écrivain public

     

    D'ailleurs au sujet de l'héroïne interprétée par Feng Hsu, une actrice fétiche de King Hu, elle est un peu le pendant féminin de l'archétype du héros chevaleresque. Forte (évidemment, et c'est une constante chez King Hu), charismatique, hargneuse, elle est prête à tout sacrifier pour assouvir sa vengeance. Aussi il y a une inversion intéressante des rapports homme femme dans ce couple improbable ou l'homme est faible mais intelligent et courageux même s'il reste en retrait, et la femme experte en arts martiaux qui n'hésite pas à aller combattre de front avec ses deux fidèles anges gardiens.

     

     Yang Hui-chen (Feng Hsu), jeune femme traquée par des dirigeants corrompus

     

     

    Au delà de toutes ces considérations dramaturgiques il y a un truc qui m'a assez bluffé dans ce film: il est sacrément beau. Déjà on peut voir que contrairement à la plupart des films de l'époque il a nécessité d'un budget assez important vu qu'il n'est pratiquement pas tourné en studio. En effet ici on peut admirer un ciel et des décors de toute beauté.Et visiblement King Hu s'en est donné à coeur joie.Il y a une photo assez magnifique et certaines compositions sont juste énormes, comme cette séquence où des soldats pénètrent dans un fort soi disant hanté, ou encore une traque pleine de tension dans un désert rocheux mêlant fuyards, soldats et moines shaolin.

     

     

     

     

    Bon tout n'est pas parfait non plus. Bien qu'il soit bien structuré il y a une espèce de double final un peu redondant, surtout que les héros font alors face à un ennemi assez charismatique mais qui n'avait pas été introduit au préalable, du coup en termes d'enjeux dramatiques c'est un petit peu bancal. je pense que c'était surtout pour rallonger la durée du deuxième film à sa sortie.

     

     

    Pourtant ce n'est pas vraiment gênant et ce final permet de mettre l'accent sur le personnage du moine shaolin, un personnage qui en quelques apparitions explose par sa simple présence explose quasi tous les autres personnage avec une aura mystique, juste en apportant "sa touche de zen".

     

    Maître Hui Yuan (Roy Chiao), moine mystique et charismatique

     

    Et puis on appréciera au passage la présence d'un tout jeune Sammo Hung à  la fin du film.

    Allez la flemme de détailler d'avantage ce très beau film, magnifiquement filmé et mis en scène surtout que j'ai beaucoup parlé/écrit.Cadeau: un article très intéressant de Slate sur le culte autour de ce film, à lire ici

    Vu qu'il bénéficie d'un très gros travail de restauration (l'image est juste magnifique), ce serait dommage de passer à côté.

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