• Aristocrats

     

     

    Résumé Allociné:

    A presque 30 ans, Hanako est toujours célibataire, ce qui déplait à sa famille, riche et traditionnelle. Quand elle croit avoir enfin trouvé l’homme de sa vie, elle réalise qu’il entretient déjà une relation ambiguë avec Miki, une hôtesse récemment installée à Tokyo pour ses études. Malgré le monde qui les sépare, les deux femmes vont devoir faire connaissance.

     

     

     

     

     

    Après plus dix ans j'ai enfin fini Ushijima. J'ai déjà parlé de ce manga ICI. Si j'ai trouvé la fin un peu décevante (mais pas totalement), et que le manga peut est parfois un peu inégal dans son ensemble, Ushijima reste un oeuvre magnifique et singulière par son approche et la manière dont il représente le Japon à travers les différentes couches de sa société ainsi que les problèmes (sociaux, économiques, psychologiques) auxquels la population japonaise est confrontée. Si j'en parle c'est quand même qu'il y a un rapport.

    Tout ça pour dire que les problèmes de mariage et de pression sociale sont évoqués à plusieurs reprises dans le manga. C'est évidemment pas le seul manga qui doit en parler mais c'est le seul que je connais qui en parle.

     

    Ici on retrouve la jolie Hanako qui tremblotte rien qu'à l'idée d'annoncer à sa famille qu'elle a rompu avec son fiancé. Et c'est bien normal, Hanako ayant été pratiquement élevée et conditionnée dans le seul but de trouver un bon parti. Pire encore, elle souffre de la comparaison avec ses soeurs ainées, la première ayant divorcé, la seconde ayant épousé un parti plutôt moyen. Autant dire que les espoirs de la famille reposent sur elle qui n'en demandait pas tant.

     

     

    Hanako (Mugi Kadowaki), catherinette en dépression

     

    On pourrait voir dans ce film une critique d'une société japonaise très rigide et ultra conservatrice où les différentes classes sociales ne se mélangent pas. Et on aurait pas tort. Aristocrats pointe l'aliénation des jeunes femmes dans la haute société japonaise, voire dans la société japonaise tout court. En témoigne le personnage de Hanako, fille de presque trente ans à la personnalité totalement étouffée, qui n'est pratiquement jamais sortie de son quartier et n'a jamais côtoyé de personne hors de son cercle social. En réalité, on n'apprend pas forcément énormément de choses surtout qu'au final ce modèle n'est pas si éloigné du nôtre (celui du triangle d'or parisien par exemple) ou de la haute société New Yorkaise (de l'Upper East Side). Après les Japonais restent ultra matrixés avec leurs coutumes mais au final, on attend toujours la même chose: un bon parti, un fils qui va suivre une voie toute tracée et une épouse censée engendrer un héritier. Ca reste une réalité assez universelle des milieux aristocratiques où les mariages tiennent plus de la raison et la paternité du devoir qu'autre chose.

     

     


    https://m.media-amazon.com/images/M/MV5BYzMwZDJkZjgtZWU5Mi00NTM2LWFjNjktMTc1YzNiYThhMGE0XkEyXkFqcGdeQWxiaWFtb250._V1_.jpgHanako à un "date" avec un cassoce.

     

     

     

    Est-ce que tout est parfait pour autant? Bien sûr que non. Il y a quelques maladresses dans l'écriture comme dans la réalisation, la musique n'est clairement pas à la hauteur, mais le film reste beau et le propos d'actualité, surtout au Japon où les injonctions familiales et la pression sociale sont énormes.

     

     

     

    Hanako face à Miki (Kiko Mizuhara), une hôtesse et "connaissance" de son mari

     

     

    Par ailleurs j'ai trouvé assez étrange la manière dont est introduit le personnage de Miki et le virage que prend le film. Sans spoiler, je pensais qu'on allait s'attarder sur la supposée ambigüité de la relation entre Miki et le mari mais en fait non. J'ai trouvé ça un peu dommage parce qu'il y avait un vrai truc à faire dessus. Après c'est un parti pris comme un autre mais quelque part, on pourrait presque penser que cette relation sert surtout d'outil scénaristique pour introduire Miki.

     

    Sinon d'un point de vue purement formel, le film est très beau et très "propre", avec de superbes plans presque picturaux (notamment dans les séquences de cérémonie). Les acteurs sont très bons et tout en retenue. La jolie Mugi Kadowaki est très bonne dans son rôle de femme tout en retenue à la limite du mutisme. La jolie Kiko Mizuhara est également très crédible dans son rôle de femme de caractère. Quant à Kengo Kora, qui a la lourde tâche d'incarner le "seul" vrai personnage masculin (enfin, le plus important), il réussit à incarner cet espèce de  golden boy à la personnalité complexe entre une soumission totale (à la limite de la dévotion) à sa famille et une espèce d'autorité et charisme naturel, un peu comme s'il était né et programmé pour être un dominant et à perpétuer sa lignée.

     

     

     

    Koichiro (Kengo Kora), golden boy appartenant à l'élite de l'élite, et trop beau parti

     

     

     

     

    Au final, avec Aristocrats, Yukiko Sode décrit autant la lutte de deux femmes pour leur émancipations et pour s'affranchir de leurs milieux respectifs. Et au final, le féminisme se manifeste davantage dans la trajectoire en miroir de Miki et de Hanako parmi toutes ses personnes vouées à suivre un destin tout tracé, dans cette lutte pour ces deux femmes (quatre en fait),qui se battent pour s'affranchir de leur condition et reprendre la maîtrise de leur vie là ou les hommes se résignent à suivre le chemin en faisant preuve d'un certain fatalisme et d'une abnégation. Ça m'a d'ailleurs tristement rappelé un article sur la première dame du Japon.

     

    Beau film.

     

    Allez next

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