• Boat People - Passeport Pour l'Enfer

    Une fois n'est pas coutume, le titre français (déjà pas terrible ceci dit) colle nettement mieux au film que le titre anglais un petit peu hors sujet.

     

     

    Je ne connaissais pas cette affiche mais apparemment Roland Topor l'a faite pour le film.

     


     

    Résumé Wikipédia:

     

    Trois années après avoir photographié la fin de la guerre, le journaliste japonais Shiomi Akutagawa revient au Viêt Nam pour reporter la situation actuelle du pays, les mesures prises par le gouvernement comme les mises en place de Zones Économiques Nouvelles. Accompagné par deux responsables des affaires culturelles, Le et Vu, il se met à douter de la spontanéité des scènes dont il est témoin dans une de ces ZEN. Il décide alors de s'en éloigner seul et fait la rencontre d'une adolescente de 14 ans, Cam Nuong.

     

     

     

     

    Tout le monde connait John Woo ou bien Tsui Hark, mais combien ont déjà entendu parler de Ann Hui? C'est bien dommage parce que malgré qu'elle tape dans un autre registre (en gros personne ne vole en tirant dans tous les sens dans ses films), elle reste une des plus importantes réalisatrices hongkongaises de son époque.

     

     

    Ann Hui

     

    J'ai un rapport particulier avec ce film. J'ai du le voir à 5-6 ans quand il est passé probablement pour la première fois (la dernière?) à la télé française, dans les Dossiers de l'Ecran sur France 2 (Antenne 2 à l'époque) pour être précis. Les Dossiers de l'écran.. Avant d'être le nom d'une rubrique à la con sur un obscur blog, c'est avant tout une émission thématique comprenant un film pour illustrer le propos, suivi d'un débat. L'ancêtre des soirées Thema d'Arte en somme. Et donc à l'époque ce film m'a putain de traumatisé. Il y a des images qui restent imprimées dans la rétine et des scènes qui s'inscrivent durablement dans la mémoire, comme par exemple une scène décrivant un gosse sautant sur une mine. Bref j'ai longtemps cherché ce film désormais introuvable en France (il n'est sorti qu'en VHS) sauf sur le Tube en 15 morceaux en VOSTA tiré d'un vieil enregistrement télé dégueulasse. Heureusement les voies du Net sont impénétrables et un "ami" me l'a trouvé en VOSTFR.

     

    Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Passeport Pour L'Enfer n'est pas un film sur les boat people, ni même sur la guerre du Vietnam.  C'est un film sur l'après. Ann Hui a eu l'intelligence de mettre un héros japonais, comme un écho à la situation du Japon d'après guerre. Le héros comme il le dit lui-même perdu ses parents dans la Guerre et a passé son enfance dans un orphelinat. Aussi il retrouve dans Cam Duong un reflet de sa propre enfance.

     

     

    Shiomi Akutagawa (George Lam), un gentil photographe japonais un peu naïf

     

     

    A travers ce film Ann Hui livre un portrait très dur et sans concession du Vietnam d'après guerre. Un pays ravagé par la pauvreté et la misère que les autorités s'efforcent de cacher au reste du monde par une censure omniprésente exercé par un régime ultra répressif. Un peu l'image qu'on pourrait se faire de la Corée du Nord par exemple.

     

     

    Les restes d'un enfant ayant sauté sur une mine

     

     

    A noter que ça lui a causé quelques problèmes puisqu'elle s'est retrouvée au centre d'un conflit diplomatique. Le Vietnam, alors en pleine tension avec la Chine, a jugé que le film était un outil de propagande du régime de Pékin pour nuire au Vietnam (ils ont tellement mis la pression à la France que le film alors en sélection officielle à Cannes a du être présenté hors compétition à la dernière minute). Si le Japon est habituellement connu comme le pays asiatique fasciste et conquérant par excellence, il faut quand même rappeler La Chine reste également très bien placée dans le classement des emmerdeurs de première. C'est bien simple depuis Mao au moins, je crois que la Chine est entrée en conflit (parfois à la limite de la guerre) avec quasi tous ses voisins: le Japon certes mais aussi Taiwan (qui est en Chine pour les Chinois), La Russie, La Mongolie, Le Vietnam, l'Inde. Pas mal. Du coup c'est facile de se dire qu'Ann Hui aurait mieux fait de balayer devant sa porte quand on sait que Mao est à l'origine de plus de morts qu'Hitler (voire Staline je crois). Ce serait un peu lui faire un procès d'intention quand on voit qu'elle a dédié trois films à ce pays (dont The Story of Woo Viet avec un certain Chow Yun Fat). Et bien qu'il soit assez démonstratif par moments ce film reste un drame qui suit le destin d'une adolescente condamnée à la violence et à la misère.

     

     

    Cam Duong (Season Ma) et son petit frère qui tentent de fuir le Vietnam

     

     

    Côté interprétation si le film doit beaucoup à son interprète principal, George Lam qui est parfait en journaliste idéaliste, le reste de la distribution est carrée (notamment un jeune Andy Lau alors quasi débutant et déjà très prometteur) . Néanmoins c'est vraiment Season Ma qui porte le film dans le rôle de cette adolescente ni belle ni moche, déjà brisée mais suffisamment débrouillarde pour survivre à tout prix.  Dommage qu'elle n'ait pas fait carrière par la suite.

     

     

    Cam Duong en pleine séance photo improvisée

     

     

    Chose suffisamment rare dans le cinéma hongkongais pour le signaler, le film possède un très beau score.

     

    Bref, ce film, bien que controversé, reste 35 ans après sa sortie une petite perle, un drame très dur et cruel avec un final nihiliste qui a achevé de me déprimer.

     

    A découvrir.

     

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