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Captain Fantastic
Résumé:
La famille de Ben n'est pas une famille comme les autres. Avec ses 6 enfants, il vit en autarcie dans la forêt, et leur enseigne une éducation très pointue dès le plus jeune âge. Mais surtout il leur apprend à se défendre et à survivre en territoire hostile. Son petit monde bascule cependant lorsque Ben apprend que sa femme hospitalisée de longue date vient de mourir. Il se voit dès lors confronté entre choisir d'obéir à un beau père qui le déteste ou aller au Nouveau-Mexique assister à des funérailles où il n'est pas le bienvenu.
Curieuse histoire que cette description d'une famille entre les Robinson suisses et Delajungle (!!) vivant dans l'état de Washington (!!). A la vue des séquences d'entrainement je me suis senti partagé en le sentiment de trouver ça cool et complètement aberrant.
L'entrainement quotidien (et intensif) de la petite famille
Le film permet de poser un questionnement habile autour d'un idéal d'éducation de nos marmots. En effet ceux de Ben sont à la fois plus forts, plus endurants, plus intelligents et avancés que la plupart des enfants de leurs âges mais paradoxalement leur isolement les rend presque inadaptés au monde moderne.
Dès lors, leur voyage en "ville" et la confrontation avec la sœur de Ben et sa famille (apparentée à des Américains moyens) dénote le fossé qui les sépare. Aux enfants accrocs aux jeux vidéos, mal élevés et pratiquement incultes du fait du laxisme de leur éducation par des parents aimants mais plus ou moins démissionnaires et sans réelle ambition pour leur progéniture, s'oppose une fratrie ultra brillante, à la discipline quasi militaire dont le plus bel exemple et la benjamine qui connait déjà les fondements politiques des Etats Unis.
A l'image de Vespyr lorsqu'elle nous décrit son ressenti sur le roman Lolita de Nabokov, le héros n'est jamais antipathique. Malgré ses maladresses, son obsession pour la survie et l'éducation de ses enfants, on n'éprouve jamais d'antipathie pour Ben, quand bien même ce qu'il inflige à ses enfants peut parfois être assimilé à de la maltraitance. Car dans le fond malgré son déni, on voit bien que tout ce qu'il entreprend c'est pour le bien de ses enfants.
Loin de taper dans la sensiblerie à deux balles, le film, assez Sundance au demeurant, souligne intelligemment la personnalité de ce père de famille atypique aussi intelligent et libertaire, que contradictoire (il adule Noam Chomsky mais offre des armes à ses enfants comme un vulgaire partisan de la NRA). Complètement borderline, son personnage peut s'avérer bien barré lors de séquences bien hilarantes.
Ben et sa famille sur leur 31 (sisi)Côté distrib c'est top: Viggo Mortensen, très à l'aise dans le rôle titre, nous prouve une fois de plus qu'il est un excellent acteur. Les enfants sont tous très bons. Frank Langella est également en beau père qui ne peut se résoudre à détester totalement un gendre qu'il estime perdu. Et puis personnellement ça me fait toujours plaisir de voir Steve Zahn ("DJ Davis" dans la série Treme). En même temps Matt Ross, le réal, a une longue carrière de seconds rôles (qui a la tête du mec qu'on voit souvent mais on ne sait jamais où), ce qui aide sensiblement pour la direction d'acteurs.
Jack (Frank Langella), aux prises avec son insupportable gendre
Au final Captain Fantastic est un film intelligent, et une belle histoire sur l'obsession d'un couple, puis d'un homme, de fonder une famille et de l'élever du mieux possible, loin des tares du monde moderne, et de les préparer aussi bien mentalement que physiquement à être forts pour affronter la société, oubliant que l'épanouissement d'un être humain passe principalement par l'expérience, et l'évolution au sein de ses pairs.
Une petite perle qui révèle un réal et scénariste prometteur.
Beau film
Tags : Captain Fantastic, Viggo Mortensen, Matt Ross, Comédie dramatique, Idéalisme, Education, Noam Chomsky, Robinson, Bear Brills
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