• Le Pain Nu

     

     

     

     

    Le Pain Nu raconte l'histoire de Mohamed Choukri, un jeune Riffain, dans le Maroc des années 50, à l'aube de l'indépendance du pays. De son enfance misérable à son entrée quelque peu violente dans le monde des adultes, l'auteur nous livre un roman autobiographique très cru et à travers celui-ci nous décrit un pays en proie à une effervescence à tous les niveaux.

     

     

    Oui il s'agit bien des mémoires de Mohamed Choukri, un écrivain marocain très célèbre justement pour ce livre. Si Le Pain Nu est un livre important comme le souligne le grand Tahar Ben Jelloun (qui a traduit le livre en français), c'est parce qu'il a une place à part dans l'histoire de la littérature du Maghreb.

     

    Mohamed Choukri

     

     

    En effet personne avant Mohamed Choukri n'avait osé décrire le Maroc de cette période comme lui. Un pays musulman en apparence où néanmoins tous les accès à la débauche sont permis. L'alcool, la drogue. Le sexe. Le sexe élevé au rang d'institution dans ce pays où la misère et les mœurs poussent un nombre incalculable de jeunes filles (et de garçons) à la prostitution. On se doute bien qu'il a fait scandale à l'époque et a été interdit dans les pays arabes (il a été édité pour la première fois en anglais).

     

     

    Dans ce livre très cru, Mohamed Choukri nous raconte son enfance à l'époque où toute la  région du Riff est en proie à une famine restée dans les mémoire, l'exil, la faim. Il nous décrit sa famille d'une pauvreté absolue, et sa relation conflictuelle avec son père, un homme mauvais sujet à des accès de violence terribles qui n'hésite pas à rouer de coup n'importe quel membre de la famille pour n'importe quel prétexte quitte à l'envoyer à l'hôpital, ou pire.

    Bon je sais pas si c'est parce que je sors de Méridien de Sang ou quoi mais j'ai trouvé que le livre était moins glauque qe prévu. Certes il y décrit quelques trucs bien sales comme quand il meurt littéralement de faim, ou encore quand il décrit le monde de la rue où les plus forts dominent (parfois sexuellement) les plus faibles... Mais je sais pas, je ne me suis pas spécialement senti mal à l'aise comme quand j'ai lu Partir de Tahar Ben Jelloun (qui contient quelques passages bien malsains). C'est probablement dû au ton du livre et au détachement avec lequel l'auteur nous décrit tout ça, avec un regard un peu enfantin qui m'a fait penser un peu au Gone du Chaaba, le très beau livre autobiographique d'Azouz Begag, ou encore à Pixote, le très beau film brésilien du regretté Hector Babenco. Mohamed Choukri n'est pas un saint, il a simplement appris à survivre par n'importe quel moyen dans un monde qui lui était hostile dès le début. De ce fait s'il livre un portrait sans concession du Maroc (qui choque moins aujourd'hui vu que le pays est un peu la Thaïlande de la Méditerranée), il ne s'épargne pas lui-même. D'abord fuyard, craintif, il devient voleur, violent, bagarreur, roublard et surtout obsédé. Le mec durant toute son adolescence ne pense qu'à ça. Sa découverte des filles, de la masturbation, du sexe, il y reviendra tout au long du roman. Ce qui nous permet de tomber sur des passages assez WTF où limite tu te demandes ce qui lui passe par la tête.

    Je vais m'arrêter là parce que le roman parle de lui-même.

     

    Bref à travers ce court roman (128 pages) Mohamed Choukri nous décrit le Maroc à la manière d'une espèce de Babylone des temps modernes, mais également son enfance, les malheurs et les épreuves qui l'ont façonné et lui ont permis à lui, l'enfant misérable et illettré, de devenir le grand écrivain que l'on connait.

     

    Un très beau livre

     

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Blogmarks Pin It

    Tags Tags : , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :