-
Le vieux Qui Lisait Des Romans D'Amour
En voici un joli roman que m'avait fortement conseillé un collègue (ils sont intéressants mes collègues hein)
Résumé de l'éditeur:
Antonio José Bolivar Proaño est le seul à pouvoir chasser le félin tueur d'hommes. Il connaît la forêt amazonienne, il respecte les animaux qui la peuplent, il a vécu avec les Indiens Shuars et il accepte le duel avec le fauve. Mais Antonio José Bolivar a découvert sur le tard l'antidote au redoutable venin de la vieillesse: il sait lire, et il a une passion pour les romans qui parlent d'amour, le vrai, celui qui fait souffrir.
Partagé entre la chasse et sa passion pour les romans, le vieux nous entraîne dans ce livre plein de charme dont le souvenir ne nous quitte plus.Apparemment rien n'aurait pu prédire l'énorme succès de ce livre. Il s'agissait du premier roman d'un obscur écrivain qui venait de fêter ses 41ans, édité qui plus est par une petite maison d'édition locale. Comme quoi tout peut arriver. Bon c'est la version de l'éditeur parce qu'en vrai le bonhomme a eu une vie plutôt agitée: activisme, prison (logique sous Pinochet), amnistie, exil, voyage, journalisme,activisme... Ca aide un peu à avoir matière à écrire et se faire éditer.
Luis Sepulveda
Malgré l'éloge que mon collègue en avait fait, j'avoue avoir eu un petit a priori au vu du titre. J'imaginais un truc un peu niais et cul-cul-la-praline. Il n'en est rien en fait.
Hormis Gabriel Garcia Marquez et Paulo Coelho, il ne me semble pas avoir lu d'écrivain latino américain.
J'avais encore à l'esprit le réalisme magique et la description des villages pittoresques des œuvres du célèbre écrivain colombien. D'ailleurs en lisant le début de l'histoire j'imaginais un décor proche du village du roman Chronique D'Une Mort Annoncée. Cependant s'il s'agit à chaque fois de petits villages perdus au fond de nulle part les différences sont notables. Au sympathique village côtier à l'histoire chargée de vagues de migrations (Indiens, Espagnols, Arabes...) s'oppose ici un hameau paumé au fin fond de l'Amazonie dont la population est davantage composée d'aventuriers, de chercheurs d'or et d'Indiens miteux abandonnés par leurs clans. Ici la nature est hostile à l'homme moderne et le lui fait savoir.
Et puis la traque est annoncée, et là on entre dans le vif du sujet. Le roman bascule alors dans une ambiance de survival. Une plongée dans les abymes d'une nature hostile, où le moindre faux pas peut être fatal et où le chasseur peut se transformer en proie à son tour. Cette ambiance m'a fortement fait penser à Apocalypto par exemple au niveau de la traque et du retour de l'homme vers une animalité, une tentative de communion absolue avec la nature comme unique moyen de vivre, voire de survivre.
A travers très court roman (120 pages), Luis Sepulveda (qui, tout comme son héros, a véritablement vécu un temps parmi les indiens Shuars d'Amazonie) a voulu déclarer son amour de la nature, et pousser un cri d'alarme contre une société moderne qui ne cesse de s'éloigner d'elle, et de ne plus la comprendre au point de ne plus la respecter. Il a d'ailleurs dédié son œuvre à un de ses amis activistes défenseur de l'Amazonie mort peu avant sa parution dans d'étranges circonstances.
Le Vieux qui lisait des Romans d'Amour est un très beau roman dont le succès n'est pas usurpé.
A noter: le roman a été adapté au cinéma avec Richard Dreyfus (oui oui, le Richard Dreyfus de Rencontre du Troisième Type) dans le rôle titre. Aucune idée de ce que ça vaut par contre.
Tags : Le Vieux Qui Lisait Des Romans d'Amour, Luis Sepulveda, Chili, Equateur, Amazonie, Nature, Ecologie, Survival, Drame, Déforestation
-
Commentaires