• Neige

     

     

    J'aime bien les Turkish. Ils ont inventé les doners, à l'époque des Ottomans ils ont mis la moitié de l'Europe à genoux, d'ailleurs les Européens ne le leur ont toujours pas pardonné.

    Et puis la meilleure pote de ma femme était turque (c'était une de nos témoins) donc j'ai un peu appréhendé leur culture. Je dis bien "était" parce qu'on connait les meufs lol... J'ai donc tapé deux mariages turcs dont un bien golri, et je connais quelques mots genre bonjour au revoir merci oui non... Du coup j'ai eu envie de lire un bouquin de leur écrivain contemporain le plus célèbre.

     

     

     

     

     

     

    Pour en revenir au livre qui nous intéresse, Orhan Pamuk est loin d'être un inconnu dans le monde de la littérature. Il a même été lauréat du prix Nobel en 2006. Ce serait être malhonnête de dire que ses différents prix et le fait qu'il soit turc ne m'aient pas incité à lire un de ses bouquins. Je suis par contre tombé dessus un peu par hasard et la couverture ainsi que le nom de ce bouquin m'ont tout de suite parlé. Je me rends compte que je suis assez sensible aux couvertures mine de rien.

     

    Orhan Pamuk

     

     

    Le résumé:

    Un poète nommé Ka revient en Turquie après un long exil en Allemagne. Il profite de sa relative notoriété pour servir d'envoyé spécial dans la lointaine ville de Kars afin de rédiger un article sur une série de suicides de femmes à l'aube des élections municipales et surtout dans l'espoir de revoir Ipek, une femme fraichement divorcée dont il est secrètement épris de longue date. Alors que la ville est bloquée à cause de la neige, Ka découvre un monde inconnu peuplé de militaires, d'indics, de gens du renseignement, extrémistes religieux, nationalistes kurdes et se retrouve impliqué dans un jeu de pouvoir aussi trouble que dangereux.

     

    Bon j'ai peut-être pas pris le plus accessible en fait. Pourtant le pitch de base me parlait assez car il reste assez intrigant et énigmatique.

     Et en effet, l'histoire est intéressante. Quels que soient les a priori  qu'on peut avoir sur la Turquie on est assez loin du compte tant la ville de Kars semble elle même particulière en Turquie. Située non loin des frontières russes et arméniennes, elle est multiculturelle et l'héritage de ses divers occupants au cours des siècles (aristocrates russes, commerçants turques, kurdes ou arméniens) semble encore prégnant ne serait-ce qu'à travers les anciennes bâtisses et la population décrites dans le roman.

     

     

    Kars, ville frontière située près de l'Arménie et de la Georgie

     

     

     

    Ka, le nom du héros, n'est pas anodin. D'une part il renvoie à Kafka, tout comme l'histoire qui nous emmène dans une intrigue qui nous présente un système plein d'aberrations  avec des personnages aux motivations assez troubles. D'autre part, il s'agit d'un jeu de mots entre Ka, le titre du livre (neige se dit "kar" en turc) et la ville de Kars.

    Pour la forme, j'avoue avoir été déconcerté. OK j'ai lu Proust, enfin Du côté de Chez Swann. Ca aurait du me vacciner. Pourtant c'est l'inverse qui s'est produit. J'en peux plus de ces phrases à rallonge qui font un paragraphe avec six virgules et deux points virgule et cinq parenthèses (six en fait mais t'es obligé de revenir en haut de la page pour retomber sur le bon nombre). Je sais pas, je trouve ça indigeste. Néanmoins, c'est assez injuste de le comparer à Proust parce qu'en vrai ses phrases sont compréhensibles mais ça me soule.

     Y a un truc qui est à la fois assez déstabilisant et assez fort dans la narration. En commençant à lire le bouquin j'étais tombé sur une critique (sur Babelio je crois) d'une meuf qui disait qu'elle n'avait jamais réussi à apprécier le héros tant elle le trouvait fade. Et j'ai péniblement lu le bouquin (620 pages quand même) en partageant plus ou moins le même avis. Ceci étant, aussi fade et lunaire puisse-t-il être, il faut se rappeler que Ka est uniquement raconté par son ami. Ce qui explique une certaine neutralité, voire absence de réaction dans certaines situations. Et cette naïveté qu'on ressent chez Ka, c'est avant tout celle du narrateur et la manière dont il perçoit son ami.

    La construction du roman, à travers l'histoire de Ka, puis de celle de son narrateur lorsqu'il enquête sur ce dernier est à la fois déstabilisante et intéressante. Dans le sens où on finit par comprendre que leur histoire se rejoignent de façon bien plus subtile qu'il n'y parait.

     

    Bon y a 2-3 trucs qui m'ont un peu énervés, comme la connerie évidente de ce héros malgré lui. Y a franchement des moments où j'avais envie de lui dire de rester tranquillement dans son hôtel mais non. Le mec est tellement con,naïf et amoureux (ou tout ça à la fois) qu'il préfère sortir au milieu des terroristes, agents doubles, militaires chelou plutôt que de rester au chaud. En même temps tant mieux, sinon le bouquin aurait été chiant.

     

    Pour résumer c'est un beau livre pas toujours accessible, parfois un peu long, un peu verbeux, mais jamais prétentieux et plutôt sincère, hypnotique et très touchant sur ce personnage perdu dans la neige qui ensevelit progressivement la ville frontière de Kars. Un roman dans lequel Orhan Pamuk pointe du doigt la bêtise des extrémismes qu'ils soient religieux, nationalistes ou militaires oubliant qu'ils sont tous des composantes d'une Turquie multiple.

     Et puis la fin est très très touchante.

     

     

     A noter: Neige s'est vu attribuer le prix Médicis étranger de 2005.

     

     

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Blogmarks Pin It

    Tags Tags : , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :