• Requiem Pour Un Massacre

     

    Il y a des films comme ça qui sont précédés d'une certaine réputation sulfureuse...

     

     

     

    Je ne sais pas pourquoi mais rien que cette affiche me donnait froid dans le dos. Je trouve qu'elle a un côté un peu crade et glauque. On dirait un aperçu de l'enfer. D'ailleurs je la préfère à l'autre bien plus belle mais plus sobre. Là on est dans le vif du sujet.

     

     

    Résumé:

     

    1942: Biélorussie. Alors que les troupes allemandes envahissent les villages environnants, Fiora, un adolescent de 15ans trouve un fusil dans un terrain jonché de cadavres. Il le récupère et rentre chez lui annoncer à sa mère sa ferme intention de rejoindre les maquisards. Emmené par des soldats, le voici en chemin. Il est pourtant d'imaginer les horreurs auxquelles il va bientôt être confronté. 

     

     

     

     

     

     

    Je ne sais pas si je l'ai déjà dit mais je ne suis pas fan des films dits dérangeants, et/ou déprimants. Je n'ai plus le moral assez solide pour visionner des trucs trop durs ou extrêmes, autant physiques que psychologiques. J'ai dû mettre un an avant de me forcer à voir Snowtown (beau film australien adapté d'un fait divers sordide), peut-être plus de temps encore avant de voir Boat People dont je parle ICI alors que j'ai cherché le film pendant près de 15ans. Pour celui-ci, j'ai pratiquement attendu deux ans tellement je n'arrivais pas à me motiver à le mater. Et finalement vendredi soir à minuit passé (samedi matin donc), alors que je n'étais pas spécialement disposé, j'en ai eu marre de mater des séries Netflix à la con qui ne m'apportaient pas grand chose  (Marco Polo, Expense, Sense8 etc.) et me faisaient davantage penser que je perdais mon temps, alors j'ai lancé ce film. Au départ, j'étais à deux doigts de fermer l'œil mais finalement le film est si intense que j'en ai fait une nuit blanche.

     

     

    Apparemment la genèse du projet a été plutôt difficile. Le projet porté par le réalisateur Elem klimov et le scénariste Ales Adamovitch (qui a adapté son propre roman) a été annulé et mis au placard près de dix ans avant d'être ressorti à l'occasion des quarante ans de la victoire russe. Le tournage lui-même a parait-il été extrêmement difficile. Je veux bien le croire. Dans tous les cas, l'attente a été bénéfique au film au vu du résultat.

     

     

    Fiora (Alexei Kravtchenko), le benêt s'en va-t-en guerre

     

     

     

    Alors oui, le film est bien plus dérangeant que la majorité des films de guerre jouant de manière très intelligente avec la suggestion et la violence frontale. Mais ce serait idiot de le réduire à ça. A l'inverse du titre français quelque peu racoleur, le titre original et le précédent illustrent assez bien la note d'intention d'Elem Klimov. En effet, le projet s'appelait au départ Tuez Hitler, mais l'administration a émis un veto sur l'utilisation de nom "Hitler", et Elem Klimov et Ales Adamovitch ont opté pour un nouveau titre: Idi i smotri (Viens et Vois, inspiré d'un chapitre de l'Apocalypse dans la Bible). Effectivement, à l'image du narrateur de l'Apolcalypse, Fiora le héros, et le spectateur par ricochet, est invité à découvrir par lui-même la réalité de la guerre: le maquis, la faim, la peur, la mort, la cruauté et la folie des humains. De la manière, Tuez Hitler, le premier titre, nous exhorte à nous rappeler que Hitler est avant tout un être humain et que le mal est en chacun de nous. 

     

    Peuplé de gros plans dérangeants de personnages qui nous interpellent comme s'ils nous demandaient de l'aide ou nous obligeaient à être témoins de diverses atrocités, le film n'est jamais complaisant avec le spectateur. Pire il prend même par moments des allures de films d'horreur comme avec cet avion presque anodin au début du film qui progressivement se manifeste comme un oiseau de mauvaise augure. Et comme on n'est pas chez Spielberg le film n'est pas illustré d'une musique donnant dans le pathos mais d'une bande sonore et un mixage parfois très étranges accentuant le malaise de séquences à la fois oniriques et cauchemardesques. 

     

     

     

    Une victime des horreurs de la guerre

     

     

     

     Au niveau de l'interprétation, le film est relativement pauvre en dialogues, et repose bien plus sur l'aura dégagée par les acteurs que par leur composition. Et c'est bien sa force. D'ailleurs, à ce titre le film est rempli de gueules bizarroïdes, bien effrayantes comme de la mystérieuse Glacha et son visage à la fois beau et horrible selon l'instant.

     

     

     

    Glatcha (Olga Mironova), une étrange partisane

     

     

    Par ailleurs pour plus d'authenticité Elem Eliankov a déniché de véritables survivants des bûchers humains perpétrés par les nazis. Et toujours pour des raisons de réalisme (ou parce qu'il n'y avait pas de boîtes d'effets spéciaux à l'époque) Elem Klimov a utilisé de vrais obus et de véritables mitrailleuses tirant à balles réelles, découpant une vache en route (!!).

    A ce propos, il faut tout de même souligner la performance de Alexei Kraventchko dans le rôle de Fiora dont le visage évolue de manière assez étrange tout au long du film. D'ailleurs je viens de lire sur Wiki qu'ils ont engagé un psy pour lui permettre de supporter la pression psychologique vu qu'il a failli y passer en même temps que la vache en question. Etrangement, ça ne l'a pas empêché de remettre le couvert vu que sa carrière est majoritairement faite de rôles de soldat. Sacrés Ruskov

     

     

     

    Fiora, qui a vu des "choses"

     

     

    Il serait facile de limiter ce film à un réquisitoire anti nazi, ceux-ci apparaissant comme des monstres sans foi ni loi. Pourtant Requiem Pour un Massacre est un réquisitoire contre la violence et l'horreur de la guerre, qu'elle soit commise par des Allemands, des Russes ou qui que ce soit.

    Jusqu'au-boutiste dans ses intentions et sa description, Requiem Pour un Massacre est un film qui ne fait pas dans la demie mesure mais c'est également une expérience sensorielle belle et intense, un voyage en enfer.

     

    Un film qui ne laisse pas indifférent.

     

     

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Blogmarks Pin It

    Tags Tags : , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :