• Velasquez est un artiste un peu particulier pour moi. De mémoire c'est après Picasso et Dali probablement un des premiers  peintres que j'ai découverts étant jeune. En effet en cinquième, par un concours de circonstances, j'étais tombé sur un bouquin nommé Je Suis Juan De Pajeja sur l'histoire vraie d'un esclave acheté par Velasquez qui devint son assistant et finit par être affranchi par le peintre. Dans le roman l'esclave était salement maltraité étant enfant avant d'être acheté par le peintre qui le traita bien, lui apprit son art et lui fit découvrir le monde. Dès lors j'ai toujours eu une bonne image de ce peintre alors que je ne savais même pas ce qu'il avait peint.

     

     

    Ayant retardé l'échéance, là je me suis dit qu'il fallait vraiment que je la fasse avant de regretter comme celle de Hopper, surtout que c'est souvent blindé les derniers jours. A peine arrivé, le vigile à l'extérieur m'interpelle pour savoir si j'ai mon billet et en gros si je sais ce que je viens voir, genre en fait j'ai vu de la lumière et je me suis dit que ça avait l'air cool. Il s'est un peu senti con par la suite et c'est bien fait. Si j'avais été blond aux yeux bleus il m'aurait même pas calculé mais c'est pas le cas. Enfin bref.

     Je suis pas un expert en histoire de l'art mais je pense m'y connaître un petit peu plus que la moyenne, aussi ça me désole toujours un peu de voir si peu de Noirs dans ce genre d'endroits. Bon en vrai y a pas énormément de Rebeu ou Asiat non plus mais eux je m'en bats, chacun voit midi à sa porte. D'ailleurs ça m'a assez étonné mais il y avait que des meufs, j'ai pas trop compris pourquoi mais bon. Elles sont probablement plus portées sur l'art en général faut croire.

    Premier point en commençant l'expo: on se retrouve avec des oeuvres de Pacheco (inconnu au bataillon) et d'autres mecs mais pas de Velasquez. Normal, l'expo est chronologique, et comme Velasquez a bien dû apprendre quelque part, on commence par découvrir son maître (Francisco Pacheco donc) et ceux qui ont étudié avec lui (dont Alonso Cano).

     

     

     

     

    Y a un truc qui m'a frappé assez dans les première oeuvres, c'est la technique les traits de certains personnages (l'apôtre Jean Baptiste par exemple), l'absence d'arrière plan et surtout le clair obscur, tout ce qui caractérise la peinture du Caravage. Sachant que c'est mon peintre préféré, c'est naturel que je remarque ça et, en effet les commentaires me donnent raison. L'influence du Caravage était apparemment tellement importante qu'elle a donné lieu à un courant qui a touché l'Espagne.

     

    Le Diner des Paysans

     

     Bon je vais pas revenir en détail sur tout le déroulement de l'expo mais en gros on suit les étapes du maître de son arrivée à la cour, où il est en concurrence avec d'autres peintres, son statut de peintre attitré de Philippe IV, son premier voyage en Italie (Venise, Rome) pour parfaire sa technique, les portraits du prince Balthazar, puis de la nouvelle Reine et des nouveaux enfants. On finit sur l'héritage qu'il a laissé et ses "anciens élèves".

     

    Par contre c'était un petit comique. Y a des peintures un peu barrées pour l'époque comme une ou deux avec des nains qui m'ont tué.

     

     

     Pour info le petit blondinet c'est l'infant Balthazar Carlos. Par contre je pige pas pourquoi il l'a peint à côté d'un nain avec une robe (!!) ou sur un poney. Je sais pas, c'est peut-être moi mais je trouve ça un peu con et marrant

    D'ailleurs en parlant de nain il ne s'est pas limité aux portraits royaux mais il a aussi peint des gens moins nobles comme des nains (encore) ou bien des bouffons, ce qui, je crois, était assez singulier pour le peintre attitré du roi.

     

    Pablo de Valladolid, un célèbre bouffon de l'époque

     

    Ah ouais y a un autre truc marrant, je sais pas trop ce qu'il en était de la première femme de Philippe IV mais putain la deuxième il l'aimait pas trop apparemment.

     

     

    Elle était peut-être vilaine mais il l'a pas arrangée en tout cas.

     

    Franchement on pourra pas dire que l'expo n'est pas complète, tant elle revient en détail sur l'évolution et les caractéristiques de l'artiste. Seul petit regret: Les Ménines, sa peinture la plus célèbre, ne fait pas partie de l'expo mais c'est pas si grave. Elle vaut largement le détour.

    L'expo finit le 13 juillet. Un conseil, allez-y vite.

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  • J'ai déjà dit dans mon article sur Dear White People tout le bien que je pensais d'Almodovar (qui d'ailleurs n'entretient aucun rapport avec le film précité pour le coup). Je matais les films dispo et je me suis rendu compte en tombant sur celui-ci que je ne l'avais jamais vu.

     

     

     

    Le résumé (pris sur Allociné):

     

    Benigno, un jeune infirmier, et Marco, un écrivain d'une quarantaine d'années, se rendent, chacun de son côté, à un spectacle de Pina Bausch, Café Müller. Ils sont assis l'un à côté de l'autre. La pièce est si émouvante que Marco éclate en sanglots. Apercevant les larmes de son voisin, Benigno aimerait lui faire part de son émotion, mais il n'ose pas.
    Quelques mois plus tard, les deux hommes se retrouvent dans d'autres circonstances, à la clinique El Bosque, où travaille Benigno. Lydia, la petite amie de Marco, torero professionnel, est plongée dans un profond coma suite à un accident survenu lors d'une corrida. Benigno, quant à lui, est au chevet d'Alicia, une jeune danseuse également dans le coma.
    Lorsque Marco passe à côté de la chambre d'Alicia, Benigno, sans hésiter, s'approche de lui. C'est le début d'une grande amitié quelque peu mouvementée.

     

     

    Comme j'ai dit j'aime beaucoup Almodovar. Déjà parce qu'il fait des grands films, mais aussi et beaucoup ne le savent pas, parce qu'il est très impliqué dans le développement du cinéma espagnol (et latin en général). Il a par exemple produit Action Mutante, lepremier film d'Alex De La Iglesia (qui réalisera ensuite pleins de films totalement barrés, mais aussi un docu sur Léo Messi), mais aussi L'Echine Du Diable, le premier film également de Guillermo Del Toro (Hell Boy, Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim etc.). Il me semblait qu'il avait aussi participé à la prodution de Tesis (premier film d'Alejandro Amenabar, qui réalisera les Autres avec Nicole Kidman) mais je n'ai pas trouvé d'info sur le Net. Enfin, dernièrement il a encore produit un film qui a fait parler de lui (Les Nouveaux Sauvages de Damian Szifron). On dirait pas comme ça hein? C'est pas Besson qui ferait ça, hein? C'est la différence entre un mec qui aime le cinéma et un mec qui aime certains films.

     

    Almodovar avec l'oscar du meilleur film étranger pour Tout Sur Ma Mère

     

    Réalisateur ouvertement homosexuel (enfin il me semble), il n'en oublie pas contrairement à certains de ses collègues de raconter des histoires et de faire du cinéma (et pas de faire une psychothérapie sur "pourquoi je suis devenu gay"). Ses films qu'on les aime ou non, sont singuliers et sont toujours des déclarations d'amour au septième art. Parfois perturbants ou déroutants, ils n'en sont pas moins réussis. Touchant à la comédie (Attache-moi qui m'a fait aimer Victoria Abril), au drame, voire au thriller ses films sont toujours une espèce d'hommage au cinéma qu'il aime. Almodovar prend un malin plaisir à toujours déstabiliser le spectateur tant certains de ses films jonglent avec les genres, allant parfois du drame au thriller hitchcockien passant par le mélo avec un équilibre toujours délicat mais réussi. La quête d'identité (sexuelle ou non) est un thème récurrent chez lui. Très souvent il amène le spectateur à travers le personnage principal à suivre une enquête a priori anodine (la recherche d'un père dans Volver, d'une mère dans Tout Sur Ma Mère etc.) mais qui fera ressortir des cadavres de placards bien enfouis ( la pédophilie d'un prêtre dans La Mauvaise Education).

    Ce qu'il y a d'intéressant aussi chez lui c'est une certaine "vulgarité", je veux dire qu'il se permet de montrer des trucs généralement suggérés et qui peuvent mettre mal à l'aise (le regard lubrique d'un homme sur la fille qu'il a élevée et qui est devenue ado dans Volver, l'héroïne qui s'essuie aux toilettes dans Attache-Moi, une visite archi glauque du coin à putes de Madrid dans Tout Sur Ma Mère, un travesti qui se prépare les fesses avec ses doigts avant de... dans La Mauvaise Education)  mais cette vulgarité est rarement gratuite, et en général la suite des événements justifient ce procédé qui peut paraitre putassier au départ.

    Ici c'est une double histoire d'amours aussi touchantes que malsaines qui sont introduites par ce genre de procédé un peu déstabilisant.

     Je vais pas mentir, y a certains de ses films que je ne conseillerais pas à tout le monde. Faut quand même avoir une petite ouverture d'esprit (ne pas être homophobe) pour apprécier une partie de ses films. Je n'inviterais pas la plupart de mes potes à mater La Mauvaise Education que pourtant j'ai trouvé génial parce qu'ils n'y verraient qu'une histoire de trav et de pédo, et finiraient par me regarder bizarrement en me disant que je mate des films chelous. C'est un peu dommage car réducteur et le film va bien plus loin que ça. Heureusement (ou pas en fait, je m'en fous) tous ses films ne parlent pas de sexualité "autre", et certains restent hautement recommandables pour le grand public. Volver en fait partie, et Parle Avec Elle aussi.
    Plus porté sur le mélodrame que ses autres oeuvres, ce film suit les amours contrariées de deux hommes pour deux femmes dans le coma, et Almodovar en profite pour s'amuser avec les codes du genre, avec des flashback, des flashback dans les flashbacks, des mises en abyme etc.

     

    Marco (Dario Grandinetti) et Lydia (Rosario Flores), victimes d'un amour malheureux

     

    Mais ce qui est très fort dans ce film, en plus de l'excellente mise en scène, ce sont les personnages. D'ailleurs en regardant bien, on peut voir qu'Almodovar en a profité discrètement pour jouer avec la symétrie des deux hommes tout au long de l'histoire et dans les détails. En effet son héros viril Marco tombe amoureux d'une femme qui bien que jolie est assez masculine dans son métier jusque dans les traits de son visage. A l'inverse Benigno le délicat infirmier s'éprend d'une danseuse dont le corps et le visage représentent un peu la féminité à l'état pur.

     

    Petite sortie entre couples

     

    Mais personnellement si tous les personnages sont très forts et très bien décrits, celui de Benigno est particulier. A la fois touchant et un peu malsain, on ne sait jamais sur quel pied danser avec lui. Est-il un homo refoulé, un amoureux transi, un pervers nécrophile ou juste un homme seul? Il y a quelque chose avec lui de très triste et perturbant en même temps.

     

    Benigno (Javier Camara), un infirmier plus que dévoué à sa patiente (Leonor Watling)

     

     

    Porté par des acteurs excellents, emprunt d'une mélancolie qui plane tout le long du film, Parle Avec Elle est une oeuvre, triste, poignante, émouvante sur le deuil et la rupture amoureuse.  Et, sans trop raconter ma vie, je traverse actuellement une période un peu difficile et voir ce film a un écho assez étrange sur moi.

    Et puis il y a cette fabuleuse musique, avec entre autres ce magnifique morceau, un standard interprété ici par Caetano Veloso:

     

     

    Bref ce film c'est une histoire d'amitié autour de deux histoires d'amours tragiquement symétriques. C'est une histoire à la fois improbable et en même temps tellement simple. Une belle histoire, un très beau film.

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