• Bon vu que je parle que de trucs de dépressifs (et anglo-saxons), on va parler d'un truc bien franchouillard pour chauffer.

     

     

    Soviet Suprem c'est quoi? C'est un groupe formé de Sylvester Staline (R.wan du groupe Java) et de John Lenine (Toma Feterman du groupe La Caravane Passe). Autrement dit c'est la rencontre de la musique festive de La Caravane Passe et du rap parigo-déglingo-franchouillard barré de Java. Donc ceux qui connaissent déjà un peu l'historique d'un des deux groupes sauront à quoi s'attendre. Dont acte.

     

    Soviet Suprem, c'est un projet complétement loufoque, autour de deux personnalités fortes et et une autodérision totale, le tout porté par une musique aux accents du Caucase.

     D'ailleurs une de leurs chansons a été utilisée pour la pub de Quick ou de Flunch je sais plus, une chanson assez marrante sur la Paris vue par les touristes (avec les clichés qui vont avec):

     

     

    Bon pour en revenir à leur album, très sobrement intitulé L'Internationale, c'est totalement barré, les textes sont parfois non-sensiques, mais on a quand même droit à des story telling et à des textes à thème même si ceux-ci sont délirants. Musicalement, même si on reconnait bien la patte "rap franchouillard dingo" de Java, on peut noter une vraie valeur ajoutée. Tout d'abord la plupart des sons sont en concordance avec le thème principal (l'Union Soviétique), une couleur des pays de l'est (pas seulement Ruskov, mais aussi des balkans, des klezmers), mais aussi quelques délires plus modernes comme  avec un improbable mélange électro reggaeton chelou:

     

    On pourrait presque croire que Major Lazer a participé à la prod.

     

    Niveau texte comme j'ai dit c'est du grand n'importe quoi mais ça me fait assez délirer. Toutes les références possibles à la Russie moderne, voire au bloc soviétique, y passent. John Lenine et Sylvester Staline en profitent pour clasher Paul Maccarthy, dédicacer Lady Gagarine, sampler les choeurs de l'armée rouge, chanter des hymnes à la vodka etc.

     Soirée disco comme disait Boris (...)

     

    Malgré l'apparente légèreté du disque, c'est un album très travaillé et musicalement abouti. Les instru sont aussi variées que les thèmes et Rwan rappe plutôt bien (si si!), multipliant rimes, asonances et jeux de mots foireux. Qu'on n'aime ou pas on peut saluer la cohérence du projet.

    Bref, je kiffe bien. J'adhère.

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    Comme  tous les courants musicaux, il y a plusieurs types ou sous genre de rap en France. En gros, pour simplifier:

     

    - le rap caillera (Booba, Rohff, Kaaris, Lacrim, MacTyer, Jul etc), celui qui vend le plus et qui a explosé grâce à Skyrock.

    - le rap mongol (successeur du précédent avec les même rappeurs et une influence plus forte des scènes de Chicago et d'Atlanta notamment, avec des "non phrases" et  une recherche de la formule la plus con possible comme "je te bouffe la schnek comme une viennoise")

    - le rap "conscient" (Kery James, Soprano, Medine, Youssoupha, le truc de pleureuse et de donneur de leçon, avec un discours bien démago en général, bref tout ce que j'aime pas dans le rap)

    - le rap freestyle / ego trip (Saian Supa Crew, Busta Flex, 1995...)

    - le rap introspectif (Fabe, Casey, Fuzati, Despo Rutti)

    - le rap "comique/ festif" (Orelsan, Hocus Pocus, Java, Triptik, des trucs qu'on voit de moins en moins).

     

    Evidemment les rappeurs ne sont pas tous heureusement à cantonner dans une case. Ainsi Kery James fait  aussi du rap introspectif (domaine dans lequel il était très bon à l'époque d'Ideal J), tout comme Youssoupha ou qui fait aussi du rap ego trip, voire festif, voire golmon vu certaines phrases. De la même, manière des rappeurs comme Kaaris ou Booba peuvent  être vus comme des rappeurs mongols vu le niveau de mongolerie de certains  de leurs textes ( de la plupart en fait, mais Kaaris avait annoncé la couleur en prévenant qu'il souleverait "2-3 mongoliennes" dans sa chanson Bouchon de Liège), ils peuvent aussi faire dans 'introspection même si c'est rare.

     

     

    Originaire de Rouen (enfin je crois), Vîrus (vrai nom inconnu, avec l'accent circonflexe, à ne pas confondre avec Veerus, un rappeur probablement proche du collectif 1995 et aussi pété qu'eux d'ailleurs à ma connaissance) lui réussit le tour de force de n'entrer dans aucune catégorie, ou plutôt d'en créer une à lui tout seul: le rap de dépressif.

    Même s'il avait sorti quelques trucs auparavant (le maxi Faire-Part je crois, et un maxi avec un DJ nommé Schlas), le mec s'est surtout fait connaître du public au travers de 3 EP aux titres plutôt évocateurs: 14 Février, 15 Août et 31 Décembre. Chaque EP développe une thématique articulée autour de ces dates clés de la vie d'un Français moyen (je dis Français pour le 15 août).

     

     

     

     On sent d'ailleurs d'ailleurs au graphisme des pochettes et aux clips que le bonhomme et son équipe sont fans de l'émission  Strip Tease. On peut d'ailleurs souligner le travail et l'alchimie qui opère entre le rappeur, "Banane" et Tcho, respectivement le beatmaker et réalisateur/graphiste attitrés.

     

     

    Une des grosses particularités de Vîrus c'est qu'à travers des textes très introspectifs au premier abord, il arrive à développer des thèmes et jeter un regard assez critique sur le monde en général. La France de Vîrus c'est la France d'en bas. Ce n'est pourtant pas celle décrite en général dans les albums de rap, mais plutôt celle des provinces, de Strip-tease et des Bidochons, la France qui regarde le 13h de Pernault et le Juste Prix de Lagaff'. La France de Vîrus est celle de la France d'en bas et la France des beaufs, celle du Français moyen à l'ouverture d'esprit aussi large que ses possibilités d'évolution. C'est aussi la France des laissés pour compte regardés de haut et méprisés par ces même Français moyens.

    "L'honneur est pour moi de niquer l'ambiance"

     

    Ecouter Vîrus, c'est se préparer à faire un bad trip tant le mec voit tout en noir et gris, dans le meilleur des cas. C'est pourtant très loin d'être de la complaisance sordide. Juste un état de fait sur le monde qui l'entoure et sur son propre mal-être. Heureusement le bonhomme possède aussi un certain sens de l'humour et ses textes sont souvent teintés de cynisme.

     

     

    "Offrez-moi une boîte de Lego que je m'amuse plutôt que d'aller faire mes devoirs conjugaux"

     

    Ce qui  fait la grande force de Vîrus, c'est bien son écriture assez unique dans un rap de plus en plus formaté. N'importe lequel de ses textes nécessite plusieurs écoutes pour en saisir les subtilités. Vîrus ne recherche pas la punchline mais plutôt la manière la plus imagée de dire les choses. Aussi il y a quelque chose de très ludique dans son rap, entre mots valises, néologismes, clin-oeil, métaphores, double-sens, contrepèteries etc. Tous ces jeux de mots et jeu de langue française font qu'il y a des moments où tu te demandes où est-ce qu'il a bien pu chercher ça.

     

    Il a finalement fini par sortir l'album au nom équivoque Le Choix Dans la Date (plus recherché qu'il n'y parait)

     

     

     

    D'ailleurs c'est pas vraiment un album mais plutôt une anthologie des 3 maxi sortis précédemment en téléchargement libre.

    Par la suite Vîrus a rejoint l'Asocial Club. Ce collectif composé de lui même de Casey, Al, Prodige, DJ Kozi a sorti il y a quelques mois l'album Toute Entrée est Définitive.

    L'Asocial Club (avec Rocé en plus à droite)

     

    Personnellement même si le projet était alléchant sur papier, j'ai un peu déchanté à l'écoute. La faute étant surtout due à une différence de niveau assez flagrante entre Vîrus, Casey, et les 2 autres. Et puis bon musicalement les instrus sont parfois un peu trop monotones. Dommage. Enfin tout n'est pas à jeter dans l'album, loin de là. Il est même plutôt pas mal mais c'est assez frustrant d'avoir une équipe comme ça et de se retrouver avec un album juste correct. Il a quand même son lot de bons morceaux, comme celui-ci que je kiffe particulièrement:

     

     

     

    Bref, Vîrus c'est un rappeur que je kiffe, qui est de plus en plus cité même au sein du rap français, et c'est normal car c'est juste un des meilleurs à mon humble avis.

     

     

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