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    Le résumé (gratté sur Wiki):

     

    Ray Donovan travaille pour un influent cabinet d'avocats : les familles les plus aisées de Los Angeles font appel à lui lorsqu'elles sont dans une situation compromettante. Ray et son agence arrangent la vérité pour les médias afin de sauver des carrières. Mais Ray pourrait être rattrapé par son passé : son père Mickey, un arnaqueur qu'il a aidé à mettre en prison, est placé en liberté conditionnelle et veut renouer avec sa famille. Ray refuse de laisser revenir l'homme qui a détruit sa vie.

     

     

    Ray Donovan, c'est l'homme qu'il vaut mieux avoir de son côté. Mieux, c'est celui qu'il vaut mieux avoir dans son répertoire. L'homme de la situation en quelque sorte. Un peu comme Saul Goodman et Mike Ehrmantraut dans Breaking Bad, c'est une espèce de gestionnaire de crise. Sauf qu'il possède une sorte d'agence et qu'il délègue sauf nécessité le travail de gros bras à son équipe.

     

    Lena (Katherine Moennings) et Avi (Steven Bauer), l'équipe de Ray Donovan

     

     

     A première vue on se dit qu'il pourrait s'agir d'une de ces séries qui pullulent sur les dessous du show biz ou du monde des célébrités façon Dirt (avec Courtney Cox) ou un autre truc du genre. En effet, au vu du résumé,on pourrait croire que Ray Donovan est un gestionnaire de crise façon Olivia Pope de Scandal version masculine, ce qui est un peu le cas en fait. Mais comme on n'est pas dans une série de meufs, on a autre chose à penser que de se demander si l'héroïne va sucer le président des Etats Unis entre deux affaires (ben voyons). Ici ses affaires personnelles prennent allègrement le pas sur ses affaires professionnelles au point qu'il s'efforce de jouer sur tous les tableaux à la fois. Et un peu comme dans Luther (ou même Walter White d'ailleurs), on se demande parfois comment il fait pour ne pas craquer sous la pression vu le nombres de galères qui lui tombent dessus et de trucs qu'il a à gérer en même temps.

     

     

    Ray Donovan en pleine  démonstration de son talent

     

     

    Entre ses enfants en pleine crise d'ado, ses stars à deux doigts d'aller en prison, son cabinet d'avocat dans le collimateur de la police, ses frangins bousillés par la vie et surtout son père récemment sorti de prison (et qu'il déteste), son passé sordide d'Irlandais de Boston il a vraiment fort à faire.

     

     

    Ezra (Elliot Gould) avocat et ami de Ray victime d'Alzheimer

     

     

    A ce niveau là les scénaristes ont vraiment fait fort. Alternant les moments assez marrants (ou pas) où il doit s'occuper de ses stars à problèmes (acteurs mégalo cocaïnés, sex symbols secrètement homo, ou basketteurs queutards), avec les moments parfois bien glauques où il s'occupe de ses affaire perso, la série trouve un bon équilibre. Ce qui est marrant avec Ray Donovan c'est que le mec se permet de faire limite ce qui lui plait pour faire tourner son affaire ou protéger les siens (comme faire chanter un flic, renverser un garde du corps, casser les doigts d'une huile du show biz, séquestrer un promoteur immobilier arménien mafieux) mais toujours avec classe. En gros c'est une espèce de grosse caillera (même parfois un gros enculé) mais avec quand même ce qu'il faut de savoir vivre et de prestance et toujours tiré à quatre épingles.

     

     Abby Donovan (Paula Malcomson), l'épouse irlandaise typique de Boston

     

     

    Côté interprétation, on est dans le top. Comme avec la plupart des séries actuelles on a le droit à des acteurs de cinéma (ce qui perd progressivement son sens quand on voit un McConaughey fraîchement récompensé d'un oscar participer à True Detective, tout comme Colin Farrel, Vince Vaughn ou Woody Harrelson dont les carrières parlent d'elles-même): le grand Elliot Gould (le Privé et MASH de Robert Altman, Ocean Eleven...), Eddie Marsan (qu'on a pu voir dans énormément de gros films dont Match Point, 21 Grammes, Sherlock Holmes, et récemment dans le rôle principal d'Une Belle Fin), Peter Jacobson (Harry Dans Tous Ses Etats de Woody Allen, Good Night and Good Luck, Domino mais surtout Dr House), Steven Bauer (Manny Ribera de Scarface), Rosanna Arquette, et même l'inénarrable James Woods qu'on ne présente plus. Liev Shreiber quant à lui est parfait dans le rôle titre. Très charismatique (pousser de la fonte pour Wolverine lui a servi), il faut le voir garder son calme en presque toutes circonstances et parler avec sa voix caverneuse pour voir qu'il était fait pour ce rôle (à voir obligatoirement en VO).

     

     

    Les frères Donovan (oui, le Noir aussi)

     

     

    Mais la mention spéciale revient en ce qui me concerne à Jon Voight. Cet homme me fait penser un peu à Rutger Hauer et Christopher Walken dans une certaine mesure en vieillissant, le genre d'homme assez beau gosse avec quelque chose d'un peu vicieux et flippant dans le regard qui le rend à la fois charismatique et un peu effrayant. De fait, il endosse à merveille le costume du père indigne et malsain, complètement ravagé mais qu'on n'arrive pas à détester malgré tout. Par ailleurs au vu de la relation ultra conflictuelle et médiatisée qu'il entretient avec sa fille Angelina depuis 20 ans au moins, il y a comme un écho dans la série à sa vrai vie.

     

    Mickey Donovan (Jon Voight), père indigne vaguement en quête de rédemption

     

    Bref cette série c'est vraiment une bonne surprise en ce qui me concerne. Trois saisons sont déjà disponibles et  une quatrième est prévue pour 2016. En espérant que la série ne parte pas en couilles avec la durée comme Dexter et Homeland, une constante chez Showtime on dirait.

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    Saga érigée à la gloire de son acteur principal-producteur, Mission Impossible est un peu le genre de truc qui provoque une certaine schizophrénie chez moi. Je kiffe pas forcément mais j'y vais et je suis un peu déçu mais je vais quand même voir le suivant... Ainsi, étant fan de la série d'origine ( la première hein), j'ai été déçu par le premier (pourtant un des meilleurs de la saga), le 2nd (John Woo, no comment) et même le 3ème à cause de la fin mongole comme pas permis. J'ai raté le 4ème mais je comptais aller le voir à la base, donc je me rattrape sur celui-là.

     

     

     

     

    J'adore l'affiche ultra kitsch qui renvoie sans détour aux vieux James Bond et autres actionners des 70's

     

    Le résumé (source Allociné) :

     

     L’équipe IMF (Impossible Mission Force) est dissoute et Ethan Hunt se retrouve désormais isolé, alors que le groupe doit affronter un réseau d’agents spéciaux particulièrement entraînés, le Syndicat. Cette organisation sans scrupules est déterminée à mettre en place un nouvel ordre mondial à travers des attaques terroristes de plus en plus violentes. Ethan regroupe alors son équipe et fait alliance avec Ilsa Faust, agent britannique révoquée, dont les liens avec le Syndicat restent mystérieux. Ils vont s’attaquer à la plus impossible des missions : éliminer le Syndicat.

     

     

    Le trailer

     

     

     

     

    Quand on va voir Mission Impossible c'est comme quand on va voir un James Bond, on sait ce qu'on est venu voir. Et en soi ce film là n'est pas plus mauvais qu'un autre. Il joue clairement avec les codes d'un James Bond à savoir un méchant "emblématique" à l'égo démesuré (en même temps on va pas faire appel à Ethan Hunt pour empêcher le braquage du Carrefour du coin), une belle gosse aux motivations troubles, des gadgets, de la baston et des voyages. Manque la classe british mais vu que Daniel Craig l'a également  un peu remise au placard on va pas jeter la pierre à Tom Cruise (il met 2 costards dans le film). Le problème comme souvent, c'est que la bande annonce dévoile déjà presque toutes les séquences importantes, ce qui fait qu'on a limite déjà l'impression d'avoir vu le film en fait.

     

     

    Séquence "culte" avant même la sorite du film

     

    C'est un peu dommage car le film se suit sans déplaisir, et vu que McQuarrie ne s'est pas contenté de réaliser mais a également participé au scénar (il est scénariste à la base, Usual Suspect quand même), il a eu la bonne idée de revenir un tout petit peu au concept original, à savoir un scénario incluant les spécialités de divers agents pour parvenir à remplir la mission en question. Aussi même si Tom est toujours sur le devant de la scène exhibant ses muscles et ses capacités physiques impressionnantes (bon sa gueule est souvent en contre-jour, il commence à être bien marqué le mec), on n'oublie pas le reste de l'équipe. Ving Rhames, seul fidèle depuis le premier volet est toujours de la partie, et Jeremy Renner rempile à la tête de l'unité.

     

     

     

    Mais s'il y en a un qui a vraiment la part belle c'est bien Simon Pegg. L'acteur, qui a bien fondu depuis Shaun of The  Dead, est ici presque aussi important que Cruise lui-même, le tandem fonctionnant assez comme un buddy movie classique. Aussi je pense qu'il a bien dû se marrer en voyant une bonne partie du scénar se dérouler en Grande Bretagne.

     

    Benji (Simon Pegg) en pleine infiltration

     

     

    D'ailleurs il est marrant de voir que pour jouer une Anglaise ils aient choisi une actrice suédoise. Au fond on s'en fout, elle joue correctement, elle est fraîche et on dirait qu'elle sort d'une énième adaptation foireuse de Hitman.

     

    Ilsa Faust (Rebecca Ferguson) en pleine attaque sexy

     

    En fait j'ai pas grand chose à dire sur le film, c'est joué correctement, écrit à peu près correctement, avec des scènes d'action correctes et c'est tout. Tout est tellement carré que ça en devient assez fade jusqu'à la fin assez sobre pour correspondre aux modèles actuels (loin de la surenchère finale du premier par exemple). Ca manque clairement de folie et c'est bien dommage. C'est limite si ça ne me fait pas regretter la fin WTF du 3ème. En fait  non.

    En bref: si on omet le fait qu'il y ait zéro prise de risque au niveau parti pris (James Bond ressemble de plus en plus à Jason Bourne et Ethan Hunt de plus en plus à James Bond), que le scénar est parfois un peu limite (on va pas spoiler la fin mais Baldwin est... "marrant comme d'hab", et puis Tom Cruise qui fait le canard alors que ses potes sont en danger), le film est plutôt sympa. Ce n'est même pas un plaisir coupable mais un pop-corn movie qui remplit correctement son cahier des charges avec ce qu'il faut d'action (Tom Pouce réalise lui-même ses cascades, argument de vente du film), de sexy, de suspense, d'exotisme (le Maroc en mode Aladin, lol) et de "non réflexion" pour satisfaire le spectateur de base. Perso je suis bon public, je prends.

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  • Hier je vais à la Fnac de St Lazare pour voir si le dernier Ushijima est sorti et mater les mangas comics par la même occasion, et je tombe sur ce truc, en évidence, non plastifié à la portée de tous (au rayon seinen mais quand même):

     

     

     

     

    D'abord un peu choqué (enfin façon de parler), ma curiosité a finalement pris le dessus et j'ai fini par mater ce truc. Non pas que le sujet m'intéresse spécialement hein, juste que le pitch est tellement barré qu'on peut se demander ce que ça va donner.

     

    Résumé:

     

    Kozo, un jeune beau yakuza ultra con, complètement obsédé et très bien membré, est chargé de protéger la jolie femme et la fraîche fille de l'oyabun (du parrain). Evidemment ce qui devait arriver arrive, il cède à ses pulsions et aux appels de la chair, et se tape la femme et la fille pour leur plus grand bonheur. Malheureusement pour lui les choses se gâtent rapidement lorsque l'oyabun apprend ses actes de bravoure, et ce dernier entreprend de le lui faire payer de la plus horrible des façons: d'abord transformé en "femme" par un chirurgien marron, il est ensuite condamné à être envoyé sur une île où ont été déposés une centaine de détraqués sexuels. En manque de femmes, ceux se voient offrir leur libération par le clan mafieu s'ils arrivent à trousser le pauvre Kozo. C'est parti pour une traque sans merci .

     

     

     

     

    Ouais, c'est du grand n'importe quoi je confirme. Déjà le thème complètement ultra glauque est traité de manière non seulement légère mais surtout complètement barrée. Il faut voir le héros se réveiller, se plaindre qu'on lui a coupé la bite et qu'on aurait au moins pu le laisser en shemale (je connaissais pas la diff entre les 2, apparemment le shemale a encore son matos en bas et pas l'autre). Dans un autre registre, dans l'hélico qui le ramène vers l'île de l'enfer, le pauvre Kozo a droit à un descriptif de ce qui l'attend, à savoir un gigantesque gangbang démoniaque. Et là, premier réflexe du mec proposer à son chef direct une pipe pour le libérer de l'hélico (!!!) Non mais allo quoi.

     

     

     

     

     Malgré la connerie évidente d'un manga qui ne se prend pas au sérieux une seconde, l'histoire est assez bien foutue. Passée l'introduction on a donc droit à un vrai survival, avec de nombreux rebondissements (ce n'est pas un truc porno gay ou même un truc porno tout court). Le pauvre Kozo ira de surprises en surprises mais se battra coûte que coûte pour assurer sa survie, et progressivement s'adaptera à son nouveau corps afin de pouvoir se battre et sauver sa peau (et ses fesses). 

     

     

     

     

     

     Pour résumer, c'est hilarant, complètement barré, con comme pas possible et il faut le dire aussi un peu malsain. Le manga est réparti sur 4 tomes et validé par Fausto Fasulo le rédac chef de Mad Movies (...)

    Perso j'achèterai pas parce que ma femme et son entourage se poseraient des questions (lol) mais j'ai quand même trouvé ça pas mal du tout. A découvrir, et à réserver à un public averti bien sûr.

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  • Bon après avoir copieusement craché sur la musique française actuelle, j'ai décidé de faire amende honorable et de m'imposer un quota d'artistes français à check (quota non défini). Et, en cherchant des infos sur Soviet Suprem, j'ai de fil en aiguille fini par tomber sur Pauline Croze que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam (merci Wikipédia et Deezer)

     

     

    La bio express (prise sur Wikipedia):

     

     Pauline Croze est fille d'une psychanalyste et d'un professeur de physique. Elle débute le chant et la guitare à l'âge de 14 ans. Six ans plus tard elle réalise ses premières maquettes avec Quito du groupe Señor Holmes et fait ses premiers pas sur scène. En 2003 elle entame une collaboration avec Anne Claverie d’Absolute management qui lui présente Édith Fambuena (ex membre des Valentins). Ce travail lui permet d'être révélée cette même année aux Transmusicales de Rennes. Elle est sélectionnée par Les Inrockuptibles pour figurer sur la compilation CQFD 2004.
    En avril 2004 elle gagne le prix SACEM du tremplin du festival Chorus des Hauts-de-Seine. Elle fait ses premières grandes scènes en assurant les premières parties de Miossec, -M-, Bernard Lavilliers, Cali, Tryo ou encore Lhasa.
    Son premier album, enregistré en 2004, intègre des compositions de Doriand et de Mickaël Furnon du groupe Mickey 3D. Il sort en février 2005.Cette même année elle est nommée au Prix Constantin . En 2006 le succès de son album lui permet d'effectuer une tournée d'un an et demie et de se produire à la Cigale et à L'Olympia. Son album est disque d'or avec plus de 150 000 exemplaires vendus. Elle est nommée aux victoires de la musique et reçoit le prix Adami-Bruno Coquatrix 2006.

     

     

    Malgré un faux air de Florence Foresti, Pauline Croze ne fait pas dans le comique. Ses chansons douces et enjouées rappellent un peu Teri Moïse et Camille par moments, voire De Palmas ou encore le méconnu Dan Kamit. Sans être une grande chanteuse (c'est pas Mariah Carey ou Whitney Houston quoi), elle nous raconte ses jolies chansons (la plupart accompagnées à la guitare) dans une ambiance folk soul, ce qui n'est pourtant pas si courant ici.

     

    Son premier album sorti en 2005, et sobrement intitulé Pauline Croze, pose les bases de sa musique.

     

    En gros si t'aimes pas, pas la peine d'écouter la suite...

     

    Le deuxième album est dans la continuité mais un peu plus axé rock on va dire. Perso même si je le  trouve pas mal, il me parle un peu moins.

      

     

     

     

     

     

     

     

    Ah les Blancs qui dansent... ha ha!!

     

    Le 3ème par contre est un peu une espèce de petit retour aux sources. Plus acoustique que le précédent, plus mélancolique aussi, c'est pour moi le plus réussi des trois.

     

     

     

     

     

     







    Après il me semble qu'il ait un peu déçu ses fans car il est vrai que pour quelqu'un qui la suit depuis longtemps, l'album peut être considéré comme assez peu innovant et avec une prise de risque minime, Pauline se contentant de faire de jolie chansons. Enfin faire des jolies chansons c'est déjà pas mal je trouve si elles sont réussies.

     

    Perso je kiffe bien même si j'attends un peu de renouveau pour le prochain opus qui est prévu l'année prochaine.

     

    Wait and see comme on dit. Allez Pauline je compte sur toi. Fais le taff merci

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    L'histoire:

    Sri Lanka. La guerre civile fait rage dans le sud du pays. Las de la guerre, un soldat de l'armée rebelle des Tigres Tamouls rencontre une femme esseulée et une orpheline qu'il décide de faire passer pour son épouse  et sa fille afin de quitter le pays en profitant du statut de réfugié politique. Désormais prénommé Dheepan, ce dernier atterrit en France avec sa petite famille. Tout d'abord logé dans un foyer où il gagne sa vie en tant que revendeur à a sauvette, il finit par trouver un emploi de gardien dans une cité mal famée de banlieue. Tandis que le couple découvre une nouvelle misère et un quartier aux mains des voyous, la petite peine à s'intégrer dans sa nouvelle école...

     

     

     

    Bon à la base j'aime bien Audiard. Je trouve que c'est quand même un des rares bons réals français avec une vraie identité formelle. J'ai pas vu tout ses films, loin de là, mais ceux que j'ai vus sont quand même pas mal foutus.

    Fraîchement auréolé d'une palme d'or (même si ça veut pas dire grand chose) ce Dheepan partait donc sous les meilleurs auspices en abordant la communauté tamoule, communauté très présente en Ile De France notamment et néanmoins très méconnue. Pourtant ce film montre bien qu'il ne faut jamais partir confiant quand on va au ciné.

    L'histoire, et le contexte, très intéressants au départ dévient très vite pour donner lieu à un film... Un film quoi au juste? Social? Pas vraiment. D'exploitation? Même pas. Un film un peu bâtard en fait, même pas "autre", juste bâtard.

     

    Dheepan (Anthonythasan Jesuthasan), un homme meutri en quête de rédemption

     

     

    En effet, au delà du postulat alléchant (la reconstruction, au sens propre et figuré, d'une famille réfugiée en France), Audiard cède salement à la facilité et oublie son sujet en cours de route pour se focaliser sur la la lutte de son héros contre les "vilaines racailles de banlieue". Du coup sans trop spoiler on peut à la fin se demander l'intérêt de prendre un héros tamoul et évoquer un conflit et une communauté qui seront en fait à peine survolés. Parce que franchement au final pour un peu le mec et sa famille auraient pu venir du Congo, de Syrie ou de n'importe où que ça n'aurait pas changé grand chose au récit...

     

    Dheepan, un ex soldat en pleine reconversion

     

     

    En plus de cela, malgré le fait que les acteurs jouent quand même globalement très bien (Audiard est un très bon directeur d'acteurs) la caractérisation de la famille est assez peu crédible je trouve. Dheepan qui est censé être un ancien soldat (las de cette vie je le répète) se transforme limite en papa poule avec une petite qui lui saute dans les bras alors qu'elle le connait à peine. OK c'est le moins pire des deux "parents" mais quand même. La petite a 9 ans, pas 4. De la même manière la femme qui est débrouillarde et habituée à survivre se révèle au fond aussi chiante qu'une femme née en France. Je sais pas logiquement t'es une femme et tu dépends d'un ancien militaire qui a tué pas mal de personnes, tu la ramènes pas et surtout tu vas pas le faire chier. Bah là si. Je sais pas trop où Audiard a été chercher ça mais il doit beaucoup aux comédiens qui ont réussi à éviter le ridicule de ce parti pris.

     

    Dheepan en mode papa poule avec Illayaal (Claudine Vinasithamby)

     

    Mais ce qui me dérange le plus dans Dheepan c'est un peu l'hypocrisie du truc. Audiard, je le répète, est un bon cinéaste. J'ai beaucoup aimé Un Prophète même s'il préfigurait déjà un peu le pb qui se pose ici. Audiard est malin, c'est un roublard. Il l'avait dit à l'époque d'Un Prophète qu'il voulait faire "l'anti Scarface" à savoir une success story d'un homme évoluant au sein des truands et non la "rise and fall" typique des fresques mafieuses. Bien qu'il ait réussi son coup et que le film ait été primé un peu partout (ça m'avait d'ailleurs gêné aux César quand il s'était pratiquement levé avant même qu'on annonce son nom), le film de part son sujet et son contexte (l'univers carcéral) était contrebalancé par son traitement très "réaliste" (il avait été quand même documenté sur le fonctionnement d'une prison française on va dire). De ce fait il n'y avait pas vraiment d'ambigüité et on lui pardonnait les dérives très hollywoodiennes comme Latif l'Egyptien de la Banlieue Sud ou le fait que les Corses contrôlent les prisons parisiennes (lol).

     

    Ici il n'y pas ce contrebalancement. Le film débute comme un drame, puis dévie sur une chronique sociale et se termine un peu n'importe comment. Dheepan évoque plusieurs pistes, aborde pleins de sujets (la guerre, l'intégration, la communauté tamoule, la survie, la banlieue, l'échec de la république, la sécurité), en élude 90% et finit en queue de poisson. Audiard a voulu parler de pleins de trucs et s'est totalement égaré en chemin.

     

    Yalini (Kalieaswari Srinivasan), "épouse" de Dheepan qui rêve de fuir la "guerre en France"
     

    Alors quoi est-ce que le film est tout naze? Bah non mais il est suffisamment raté comme ça.

     Il y a tout de même des trucs assez indignes de Audiard dans ce film:

    - la description fantasmée d'une cité défavorisée devenue une zone de non droit absolue où les "jeunes" passent toute la journée à parader en merco et à se poster à l'entrée du QG où à se balader sur les toits en mettant du rap des années 90 à fond et à tirer en l'air (...). D'ailleurs [SPOILER] je sais pas où il a pu voir qu'on cachait le matos comme ça au vu et au su de tout le monde et que le premier merdeux du coin allait venir faire une descente à la Gomorra. Il aurait mieux fait d'évoquer les nourrices pour un peu plus de crédibilité. [FIN DU SPOIL]

    - le casting "cité" assez foireux avec un petit Blanc avec une tête de victime de première (Franck Falise) qui joue les caïds des halls et un autre Blanc qui joue un Arabe (?). Je comprends pas. Avec tous les Blancs avec des têtes de durs il fallait qu'il prenne un mec avec une tête à s'appeler Valentin. D'ailleurs son rôle, plus pathétique tu meurs...

    Une caractérisation assez cliché et pathétique du style les Arabes contrôlent le biz, les Noirs sont véreux ou inexistants et les Babtous sont... bah y en a pas en fait (à part 2 qui parlent parce qu'il faut bien les montrer pour pas "stigmatiser").

     

    Brahim (Vincent Rottiers, moyennement crédible), caïd foireux de cité

     

    On peut se demander où il a voulu en venir et ce qu'il a cherché à montrer. L'échec de l'intégration "à la française"? Que c'est mieux ailleurs (en l'occurrence en Angleterre)? Que c'est les Arabes qui foutent la merde? Le dernier acte du film vire un peu au  grand guignol et la conclusion en ellipse (expédiée comme pas permis)  donnent un vilain arrière goût au film qui s'éloigne méchamment de son propos de base.

     

    Bref, on dirait qu'il a voulu faire son film de cité. Au final il a juste réussi à faire un truc entre la Squale et Un Justicier dans la Ville, à savoir un délire de mec concerné totalement à côté de la plaque et n'assume pas ce qu'il veut dire ( être un pur délire loin de tout constat social, ou bien montrer l'échec de la politique française etc.). C'est bien beau de se réfugier derrière l'alibi de la fiction pure. Le pb c'est qu'en ces temps de droitisation extrême, il y a pleins de gens qui pensent que toutes les cités de France ressemblent à ça (le traitement ultra naturaliste achève de donner une impression de réalité déplacée). Marine et Manuel ont trouvé leur film de la rentrée.

    Petite déception même si j'en attendais pas grand chose...

     

     

    A noter, l’interprète principal Anthonythasan Jesuthasan a réellement été enrôlé de force dans les Tigres Tamouls et s'est depuis reconverti en écrivain prolifique.

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