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    Je voulais voir ce documentaire quand il est passé sur Arte (une des meilleures chaines du PAF, sachez-le). Manque de bol, je l'avais raté. Heureusement Youtube a été inventé et même si les pubs à outrance me gonflent depuis le rachat de Google, il n'empêche qu'il permet de retrouver de nombreuses perles.

     

    Pour en revenir à ce documentaire très intéressant, on plonge dans les rouages de l'économie de marché russe, et précisément sur un phénomène très particulier: les expropriations sauvages de fructueuses sociétés.

     

    Comme souvent en Russie tout a commencé au moment de l'effondrement du bloc soviétique et des balbutiement de l'économie de marché. Comme on le savait déjà, de nombreuses personnes peu scrupuleuses en ont profité pour se faire leur beurre. Pour y arriver, ces nouveaux "hommes d'affaires" utilisent les services de groupes d'un nouveau genre: les raiders.

    Les raiders, ce sont des groupes (illégaux) dont la mission principale est d'investir par tous les moyens les locaux d'une société dans le but de dégager les occupants et surtout de récupérer toute la trésorerie, la comptabilité et les documents administratifs de la société. Autant dire que la force et l'intimidation sont de mise. Mais là où les mecs sont plus malins que le truand moyen, c'est qu'ils utilisent des équipes de juristes et d'avocats afin de falsifier les documents comme bon leur semble et modifier les titres de propriété, tout ça en graissant la patte de qui de droit (flics, juges, avocats, fonctionnaires haut placés).

     

    Evgueni Tchitchvarkine, cofondateur d'Euroset réfugié à Londres et dont la mère a été assassinée

     

    Ce qui est effrayant c'est que ce phénomène touche toutes les couches de la société russe, ce qui montre à quel point la corruption gangrène profondément le pays du petit propriétaire d'appartement au gérant d'une société générant des millions d'euros de chiffre d'affaire. Le documentaire repose sur les interventions de d'économistes, de spécialistes et bien entendu de victimes de ce système parmi lesquelles Evgueni Tchitchvarkine  (fondateur et ex gérant de la société de mobiles Euroset, réfugié à Londres depuis 2009), et William Browder, un des principaux acteurs de l'affaire magnitski.  Cette affaire sordide qui a débouché entre autres sur un meurtre (appelons un chat un chat) et une escroquerie d'une ampleur gigantesque (près d'un milliard d'euros).

     

    Serguei Magnitski, curieusement mort en prison quelques jours avant sa libération

     

    Ce docu fait également écho au très beau film russe Leviathan sorti il y a 2 mois environ et que je n'ai pas "chroniqué" car il aurait fallu que je le revoie pour le faire correctement.

    Trailer de Leviathan

     

    Pour résumer, ce documentaire est très intéressant malgré une forme parfois didactique et une musique un peu à côté de ses pompes (on dirait la musique d'un film de cirque ou de série d'enfant produite par France 3 Périgord par moments, ce qui contraste avec la gravité du sujet), et il mérite d'être vu pour son sujet sur une Russie qui fait froid dans le dos.

     

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    Ce superbe docu diffusé sur Public Sénat (unes des meilleures chaines du PAF, rappelons-le) raconte la façon dont l'affaire UBS a fait changer la donne concernant le sacro-saint secret bancaire suisse.

     

    Tout commence en mai 2005 lorsque le FBI lance une perquisition chez le milliardaire Igor Olenicoff soupçonné de fraude fiscale à grande échelle (environ 200 millions de dollars). De fil en aiguille, les autorités américaines tombent sur le nom de Bradley Birkenfeld, alors conseiller et  gestionnaire de fond au sein de la banque UBS. Son rôle est de démarcher  de riches clients américains afin de leur proposer de placer leur argent en Suisse et ainsi d'éviter d'être soumis à l'impôt. Bien qu'évidemment parfaitement illégale, cette pratique est largement répandue auprès des banques suisses.

     

    Igor Olenicoff surnommé le milliardaire aux poches vides par le magazine Forbes

     

    Birkenfel sentant le vent tourner, il décide de prendre les devants et se présente devant la justice en espérant bénéficier du statut de lanceur d'alerte. En vain. Tout comme Igor Olenicoff, il est poursuivi et finalement incarcéré.

    Bradley Birkenfeld, qui après 2 ans de prison, a bénéficié de 104 millions de dollars par le fisc américain pour "mérite"

     Pour la première fois de l'histoire, les  Etats Unis réclament à UBS de leur fournir une liste de 4000 exilés fiscaux. Au final  ce sera  15000 exilés qui se  présenteront au fisc américain  de  peur de représailles financières et pénales.

     Ce qui est énorme c'est que malgré les sanctions prises par le gouvernement américain à l'encontre d'UBS, de nombreuses autres banques se sont jetées sur les clients délaissées par leur consoeur, et se sont faites griller à leur tour. On peut tout de même se demander ce qui est passé par la tête des dirigeants de ces grandes  banques pour vouloir tenter un coup pareil. C'est la goutte d'eau pour les Etats Unis qui renforcent leur pression sur la Suisse. Toutes les banques incriminées sont condamnées à de lourdes sanctions dont Wegelin, une des plus anciennes banques suisses, qui écope de 74 millions de dollars. Une pénalité dont elle ne se relèvera pas.

     

    Wegelin & Co, qui a fermé en 2013

     

    C'est le début de la fin pour le secret bancaire suisse. Le mal est fait. La pression est telle que la Suisse valide même la demande des Etats-Unis de leur fournir la liste des employés de banque quand bien même ils ne travailleraient pas du tout dans ce domaine. La  brèche créée par les Etats-Unis va permettre aux autres gouvernements (France, Allemagne etc) de s'y engouffrer afin de récupérer le manque à gagner de la part de leurs plus riches et moins scrupuleux contribuables..

     

    Ce passionnant docu décrit de manière simple et limpide, à la manière d'un polar ou d'un film d'espionnage l'évolution d'une une "banale" affaire d'évasion fiscale (bon 200 millions de dollars quand même) vers une affaire d'état aux enjeux financiers internationaux considérables. Car c'est de ça qu'il s'agit. Les Etats-Unis, qui mettent à genoux le gouvernement suisse, ne sont pourtant pas les mieux placés pour donner des leçons de morale. L'avidité et la politique trop agressive d'UBS ont eu raison de la domination des banques suisses dans ce domaine. Pourtant si le bouleversement de cette situation est indéniable, ce n'est qu'en surface. Les Etats Unis paradoxalement  tentent toujours d'attirer des fonds privés étrangers  (l'Etat du Delaware  ferait apparemment office de très bon paradis fiscal pour tout étranger) et les évasions se font vers d'autres destinations, principalement l'Asie. Car si les joueurs changent, le jeu reste le même. Comme le souligne ironiquement la fin du documentaire, UBS est finalement redevenue la première banque mondiale de gestion de fonds privés.

     Bref c'est à voir ne serait-ce que pour voir le cynisme des forces politiques et financières qui régissent le monde.

     

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  • Lucas "Torpedo" Torelli

     

    Lucas Torelli, alias Torpedo, officie avec son bras droit Rascal en tant que tueur à gages dans les bas-fond du New York de la fin  des années 20 au début des années 40. En pleine prohibition, il sera amené au gré de ses contrats à voyager et rencontrer tout un tas de personnages, mafieux notoires et voyous à la petite semaine, prostituées de haut vol et putains de petite envergure, flics corrompus et dépravés en tous genres, tous plus haut en couleur les uns que les autres.

    Créé en 1982 par l'Espagnol Abuli, Torpedo est d'abord dessiné par Alex Toth. Les premières planches montrent les balbutiements de ce monument de la BD. Les histoires sont dignes de celles de n'importe quel polar hard boiled lambda depuis l'invention de Philip Marlowe avec un héros mutique et désabusé et un dessin plus qu'approximatif pour faire dans l'euphémisme.

    Torpedo version Alex Toth (oui c'est moche)

     

    Heureusement dès le second tome, Alex Toth est remplacé par Jordi Bernet et la série prend assez rapidement le ton et le graphisme qu'on lui connaîtra par la suite. Le ton? Quel ton? Un ton résolument dur pour une série que ne l'est pas moins. Il faut dire que Abuli ne nous épargne pas grand chose en matière de sadisme et de cruauté: meurtre, viol et sexe sont au rendez-vous à chaque album. Ah oui j'ai oublié de le préciser mais il s'agit d'une série pour adulte ET réservée à un public averti. Je l'ai d'ailleurs découverte à l'époque où je séchais le lycée en squattant le rayon "BD érotique" du Boulinier de Saint Michel à Paris. Après avoir avoir feuilleté quelques albums de Manara que je trouvais assez dépourvus d'intérêt une fois que j'avais vu les dessins de filles à poil les plus intéressants, j'étais alors tombé dessus par hasard et je m'étais vite rendu compte qu'il y avait des histoires en plus des scènes de culs assez bien décrites. Pourtant attention ce n'est pas parce qu'il y est décrit des affaires et des actions sordides que la BD est insoutenable, loin de là. Il s'agit simplement d'une œuvre d'un énorme cynisme où l'humour (très noir) côtoie l'horreur et l'immoral!

    Parce qu'il faut bien le dire, Torpedo, même s'il est le héros, est un authentique enfoiré, de ceux qu'on qualifierait de sacré fils de pute. Né en Sicile d'une femme violée par un mafieu local (ça commençait bien) il émigre à New York à 18 ans après avoir fui ses assaillants après une longue histoire de règlements de comptes familiaux décrits au gré de plusieurs histoires tout au long de la BD. Etait-il un psychopathe dès sa plus tendre enfance ou l'est-il devenu par la force des choses? On s'en fiche, il s'agit bien d'un taré ayant peu de scrupules, n'ayant pas peur de grand chose, et prêt à tout pour obtenir ce qu'il désire: de l'argent, sa revanche, le cul d'une femme etc. Cette mauvaise habitude lui  vaudra évidemment quelques problèmes et beaucoup d'inimitiés. Parce qu'il a beau être un Macaroni sappé comme Lucky Luciano, il n'est pas affranchi et donc très loin d'être intouchable. Cependant sa réputation de dur et son intelligence lui permettent de s'en sortir  en général. Je dis bien en général parce que quand on est criminel, tueur à gages (entre autres), violeur, misogyne, raciste, fourbe et rancunier comme pas deux, il n'y a pas de raison de garder la peau douce comme 007 à la fin de chaque histoire. Heureusement pour lui, son intelligence, sa chance et son bras droit Rascal (l'équivalent Bernardo dans Zorro, sauf qu'il parle et qu'il est plus con) lui évitent de trop lours dégats.

    Rascal, le faire-valoir con de Torpedo

     

    Côté histoire justement il y a de tout: la plupart sont indépendantes mais il y a un certain fil conducteur tout au long de son évolution. Certaines sont de quelques pages quand d'autres occupent tout un tome comme c'est le cas de ceux-ci par exemple:

     

    Le gros point fort des histoires en plus du fait qu'elles sont parfaitement ciselées, c'est l'humour très noir je le répète mais totalement décapant. Du coup obligé de se taper de sacrées barres de rires lors de certaines séquences pourtant malsaines dans un autre contexte. D'autant plus que Torpedo est un gros blédard, ce qui donne des jeux de mots assez improbables (je ne sais pas comment ils ont fait pour la traducton mais ils s'en sort sacrément bien tirés)

    Comme on peut le voir Jordi Bernet est un excellent dessinateur. En tout cas j'adore son style qui est totalement adapté à cet univers mafieu du temps de la prohibition. Et surtout, il dessine les femmes comme personne dans le monde de la BD. Torpedo a beau être irrévérencieux au possible, Bernet aime les femmes et leur crie son amour dans chaque dessin, révélant des beautés aux courbes plantureuses toutes plus affolantes les unes que les autres. On sent l'impact qu'ont du avoir les pulp et les films noirs sur sa carrière. A côté d'elles, la vamp de Tex Avery est aussi bandante qu'Evelyne Dhéliat. C'est pas qu'elle est moche Evelyne mais on peut faire plus sexy quoi.

    Je me suis souvent demandé qui pourrait interpréter ce personnage si la BD était adaptée en film et il n'y a que deux noms qui me viennent à l'esprit: Alain Delon pour son côté froid et mafieu (Borsalino) et Vincent Cassel pour son nez et son côté hargneux. D'ailleurs côté "nez" vu comme il est crochu, et vu comme ses yeux sont perçants, ça ne m'étonnerait pas que Lee Van Cleef ait été une des inspirations du graphisme de Bernet.

    Bref, pour résumer c'est une BD que j'adore (ma préférée en fait) et qui procure toujours autant de plaisir à être lue même si elle ne plaira pas aux femmes. Enfin on s'en fout un peu en même temps. C'est juste un peu dommage que  la série s'essouffle un peu dans les deux derniers tomes. Malgré tout on sent que les auteurs ont pris du plaisir à créer cette oeuvre extrêmement bien dessinée et très documentée.

    A consommer sans modération pour tout fan de polar cynique.

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  • Je traverse en ce moment un bon passage à vide. Je suis presque au bout de mon roman (enfin c'est ce qu'on croit tout le temps) mais je n'arrive plus à écrire quoi que ce soit. Pas une ligne n'est sortie de mon esprit en un mois. Je n'ai en ce moment pas la force de me consacrer à l'écriture.et ça devient relativement difficile à vivre. J'en ai marre de ce putain de bouquin. Je ne sais même pas si l'histoire mérite vraiment d'être racontée et si son traitement mérite d'être lu. J'ai pourtant l'histoire dans ma tête depuis le départ, enfin le début le déroulement global et même la fin. Je voulais juste écrire une histoire courte et simple puis passer à une autre histoire plus complexe et plus ambitieuse, du moins dans mon esprit. Seulement voilà, ce qui parait simple ne l'est pas toujours et inversement. Je galère comme un rat mort et je me rends compte que même l'histoire la plus simple peut prendre des proportions et devenir un cauchemar à être décrite. Des fois j'envie les mecs comme Joseph Kessel, qui en plus de leur talent, arrivaient à pondre un bouquin en un mois. J'aimerais réussir à débloquer plus de temps pour en consacrer davantage à l'écriture. C'est vraiment une activité nécessite énormément de temps, de patience et de motivation. Vivement que je me reprenne en main.

     

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  • FINK

     

     

    Fink, comme son nom ne le laisse pas présager, est un "groupe" de Brighton formé par Finn Greenall, Guy Whittaker et Tim Thornton ("groupe" parce que c'est Finn Greenall qui est vraiment la pièce centrale). Le parcours du "groupe" est assez atypique puisque Finn est DJ au départ, avant de décider de prendre sa guitare et de pousser la chansonnette. Cette influence est d'ailleurs assez présente dans leur premier album avec des sonorités électro/abstract hip hop ultra dépouillées.

     

    Pourtant dès le 2nd album, Finn ose enfin chanter, le groupe change d'orientation et laisse l'abstract hip hop pour se tourner vers une musique plus traditionnelle. Et heureusement car le premier n'est franchement pas inoubliable. Là le son devient tout de suite plus brut et plus rock/folk, avec une nuance de soul par moments comme on peut l'observer dans ce morceau:

     

    Le mélange se peint au fur et à mesure des albums de rock et de folk mélancolique narrant les histoires et autres déceptions amoureuses de Fink. La force de Fink, en plus de ses très belles paroles et d'un sens certain pour la mélodie, c'est l'homogénéité et la couleur qui ressortent de chaque album. En effet l'évolution musicale est clairement visible, tantôt avec un son un peu plus rock, un peu plus dépouillé, avec plus ou moins de blues.

     

     

    "Trouble's What You're In" et "This Is The Thing"sur l'album Distance And Time

     

    "Sort Of Revolution" et "See It All" sur l'album Sort Of Revolution

     

    "Perfect Darkness", Yesterday Was Hard For All Of Us" et "Who Says" sur l'album Perfect Darkness

     

    A noter plusieurs chansons de Fink chansons apparaissent dans diverses séries américaines (Dr House, Greek, CSI Manhattan, Lie to Me...), comme par exemple l'excellent titre Warm Shadow figurant sur cet album apparait dans la saison 3 ou 4 de la série Walking Dead.

    Assez injustement méconnu du groupe public (bon, il remplit quand même la Cigale et le Trianon), Fink a acquis une réputation dans le milieu musical (il a écrit pour d'autres artistes dont  Amy Winehouse, et John Legend avec qui il a d'ailleurs chanté) et possède un public solide. Il tourne régulièrement en concert et est souvent invité dans des émissions musicales. C'est un artiste/groupe que j'apprécie particulièrement car il fait partie des rares artistes qui ne m'ont jamais déçu. Concernant l'aspect live, il vaut largement le coup, n'hésitant pas à réarranger ses morceaux pour l'occasion.

    Bref c'est un de mes artistes préférés. ll vient d'ailleurs de sortir un nouvel album, toujours chez Ninja Tunes où il est signé depuis le premier album, encore plus orienté blues et expérimental et qui a déjà reçu de bonnes critiques de la presse. Il est encore trop tôt pour me prononcer sur ce nouvel album personnellement mais l'ensemble de sa disco parle de toute façon pour lui. Fink c'est pour moi un des groupes anglais les plus intéressants de ces 10 dernières années.

     

     

     

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