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    Je connais Pablo Neruda de nom depuis longtemps malgré tout je ne me suis jamais penché sur son oeuvre. C'est d'ailleurs tout le paradoxe du truc: je suis attiré par la poésie depuis longtemps mais je n'ai jamais pris le temps de m'y intéresser. Donc, hormis le nom des auteurs célèbres, j'y connais rien. C'est un peu con.


    Enfin bref, j'ai donc eu envie de lire un livre de lui (en plus c'est le poète préféré de Ted dans How I Met Your Mother) et le hasard a fait que je tombe sur celui-là. Ironie du sort c'est peut-être sa seule oeuvre qui n'est pas un recueil de poésie.

     

    Quand on vient du 93, ou d'un coin où le communisme a eu un passé flamboyant, le nom de Neruda évoque toujours quelque chose à l'oreille: le nom d'une cité, d'une rue, d'une place. En lisant ses mémoires je comprends mieux pourquoi.

     

     

    Petite bio express:

     

    De son vrai nom, Ricardo Eliécer Neftalí Reyes-Basoalto, Pablo Neruda est né en 1904 au Chili dans une famille modeste. D'abord reconnu dans son pays comme poète, il s'engage dans la vie politique et devient consul en Birmanie à 23ans. S'en suit une longue carrière qui le voit devenir diplomate, sénateur, ambassadeur, et étendard international du communisme, tout en devenant l'un des poètes les plus importants et les plus médiatisés du  20ème siècle. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1972, il finit par s'éteindre le 23 septembre 1973 au Chili, soit douze jours après le coup d'état militaire.

     

     

     

     

     

    Bon je l'ai lu y a un moment déjà donc je vais pas m'éterniser. Le livre porte très bien son nom. Ca fait fait d'ailleurs très longtemps qu'un titre n'avait pas été aussi évocateur, déjà parce qu'il s'agit de ses mémoires, mais surtout parce qu'il est amplement justifié tant la vie du bonhomme a été remplie. C'est assez fou.

    Pour faire simple le bonhomme a voyagé aux quatre coins du globe, à été acteur d'une des plus importantes guerres du 20ème au moins sur le plan idéologique (la guerre civile espagnole), s'est impliqué dans la vie de son pays, a promu l'idéologie communiste partout dans le monde, et est devenu de son vivant un écrivain de renommée mondiale au point d'en obtenir le fameux Nobel. Pas mal quand même. En bref, le mec a eu 10 vies en une seule.

     

     Le livre se lit très facilement et est évidemment bourré de milliers d'anecdotes impliquant parfois des personnalités parfois très proches comme son ami Garcia Lorca.

     

    Parmi le beau monde, on peut y croiser des personnalités artistiques et ou politiques aussi diverses que son grand ami Federico Garcia Lorca donc, mais aussi Louis Aragon, le Mahatma Gandhi, Jawaharlal Nehru, Fidel Castro, Mao Zedong, Elsa triolet, Ilya Erhenbourg (que je ne connaissais pas), Pablo Picasso, Gabriel Garcia Marquez, Alberto Moravia et Elsa Ferrante (mais pas Pasolini), Staline...  et évidemment Saldor Allende. La liste n'est évidemment pas exhaustive.

    Très bien écrit donc mais également très bien articulé, le livre fait la part belle aux nombreuses péripéties qui ont jalonné la vie du poète mais se révèle d'autant plus captivant qu'il permet de découvrir la personnalité de son auteur. Neruda y a apparait au départ comme un jeune paysan vaguement fantasque et introverti, qui s'affirme peu peu tout au long de ses voyages, de sa carrière diplomatique, de la renommée grandissante de sa poésie et surtout de son engagement politique au sein du parti communiste. Le communisme tient d'ailleurs une grande place et on ressent la sincérité de Neruda qui semble réellement vivre pour cette idéologie. Malgré tout il n'occulte pas les dérives orchestrées par Staline, Castro ou Mao mais il les attribue davantage à des dérives (comme un culte de la personnalité exacerbé) qui ont éloigné ces régimes de l'idéologie originelle.

     

    A la la limite, il y a un petit creux lorsqu'il fait l'éloge de différents amis sous forme d'oraisons funèbres. Je sais pas ça m'a un peu plombé la lecture, pas tant par la teneur émotionnelle que du fait que j'ai trouvé que ça cassait un peu le rythme du livre. Ceci étant, on ne peut pas lui reprocher de rendre hommage dans ses mémoires à des personnes qui lui ont été chères, d'un point de vue personnel ou symbolique.

     

    Bon je vais m'arrêter là parce que le livre par pour lui-même et que de tout façon ça fait un petit moment que je l'ai fini. En ce qui me concerne J'avoue Que J'ai Vécu est un très beau livre, mais plus encore un fantastique témoignage d'un homme qui a littéralement traversé le 20ème et milieu des plus petits comme des plus grands, et une oeuvre assez essentielle pour connaître et comprendre un des plus grands poètes du 20ème siècle.

     

    Très beau livre.

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    Résumé de l'éditeur:

     

     

    Erik Ketezer est vétérinaire en Normandie, mais il a passé sa jeunesse à Courvilliers, un ancien fief communiste de la périphérie parisienne. De retour dans sa cité natale pour enquêter sur le décès du frère d’'une de ses amies, il découvre l’état de déliquescence de la ville. L'’économie est dominée par le trafic de drogue, qui s'’organise au sein même de l’équipe municipale : on a découvert des centaines de kilos de cannabis dans le centre technique de la mairie, dirigé par un délinquant notoire. Une impunité inexplicable règne, couvrant les actes de népotisme, les faux emplois, les pots-de-vin, les abus de biens sociaux en tout genre. Pendant ce temps, la ville part à vau-l'eau, les équipements municipaux sont détériorés, les ascenseurs ne fonctionnent pas plus que le ramassage des poubelles, les rats pullulent, le maire a été élu grâce au travail efficace des dealers et des islamistes qui ont labouré le terrain en distribuant menaces et récompenses…
    Ce nouveau roman de Didier Daeninckx est mené tambour battant. Son écriture efficace, directe, est mise au service d’'un tableau accablant des territoires oubliés de la République.

     

     

     

     On va refaire la bio du mec en express: issu d'une longue lignée de communistes aux origines belges et charentaises, il est né à St Denis et à grandi à Aubervilliers où il a adhéré aux Jeunesses Communistes. Il a longtemps travaillé à l'usine, puis est devenu journaliste pour la presse locale et a profité d'une période de chômage pour écrire le premier d'une longue série de romans policiers. Profondément engagé, son œuvre est fortement marquée par les conditions de vie des prolétaires dans les villes de banlieue.

     

     

     

     

     

     

     

    Je connais Didier Daeninckx de nom depuis très très longtemps, pourtant je n'ai jamais lu aucun de ses bouquins. Pourtant si j'ai acheté ce roman précis, c'est parce que je suis tombé par hasard sur un article (probablement celui du Parisien) sur Facebook indiquant un "portrait d'Aubervilliers au vitriol".

    Aubervilliers... Ah Aubervilliers... Si le nom de Daeninckx m'a interpelé si longtemps (alors que je lis très peu de polars français) c'est aussi parce qu'il vient d'Auber, et que cette ville est très importante pour moi. On va dire qu'après St Denis et Paris, c'est la troisième ville à compter dans ma vie. J'y ai fait ma primaire, j'allais au jardin près de la mairie, à la piscine, et même au ciné étant ado. Et surtout, j'y ai vécu. Du coup, le roman a eu une certaine résonance pour moi. Ainsi les lieux évoqués dans le livre me parlent forcément vu que j'ai vécu dans la rue des Fillettes (rue des Jeunettes de Courvilliers), pas loin du foyer des Maliens où ado j'allais manger, mater les matches de foot voire me faire couper les cheveux, et où j'allais encore récemment voir les mécaniciens de rue (des Ivoiriens d'ailleurs, et pas des Maliens).

     

     

    Pour en revenir au livre, je peux dire que j'ai été agréablement surpris. C'est bien écrit, bien rythmé, bien amené et il faut le dire assez addictif. On sent que le mec est un vieux de la vieille niveau écriture. Ce qui est pas mal c'est que l'enquête du héros prend une tournure assez intéressante dans le sens où, loin de suivre un schéma policier traditionnel elle est composée de rencontres et d'entretiens assez "intimes" qui permettent de découvrir petit à petit l'envers du décor d'un banal fait divers. Et évidemment, à travers cette enquête, Didier Daeninckx en profite pour dresser un état des lieux peu reluisant de sa ville. 

    Même si je ne connais pas spécialement la situation politique de la ville, au vu de la description elle semble se rapprocher de celle de Saint Denis a priori, donc elle doit être catastrophique. En tout cas vu le portrait qu'il en fait.

     

    Si la mairie d'Auberv... pardon, de Courvilliers en prend pour son grade, certaines célébrités comme Soral, Dieudonné, Faurisson, Ramadan, se prennent aussi quelques balles en route. Il y a d'ailleurs une critique assez violente des partis politiques municipaux (de gauche notamment) qui, à des fins électorales, ont favorisé les dérives communautaires et religieuses, en permettant à des personnalités douteuses (voyous de quartier ou de cité, imams douteux, lobbyistes véreux...) d'accéder à des postes stratégiques tout ça dans le but de bénéficier de leurs influences au moment des élections. Des pactes avec plusieurs diables. Quelle que soit la part de vérité de ces décisions qui ont amené à gangréner la vie politique de la ville (et logiquement celle des citoyens), je trouve le parti pris assez courageux.

     

    Pour autant et malgré la virulence du discours, le roman ne manque pas d'humour, avec quelques passages limite WTF comme quand le héros se promène à Phuket et croise Jason Voriz au bar de Seth Gueko, ou encore quand un des personnages raconte que le maire d'Aube.. de Courvilliers s'est fait séquestrer et s'est mangé des claques. J'aimerais bien vérifier si c'est vrai ça. Enfin ça ne m'étonnerait même pas vu qu'à St Denis il y a une dizaine d'années des mecs ont braqué les gens du conseil municipal en pleine session d'assemblée (véridique). Les maires adjoints se sont faits dépouiller normal.

     

    Enfin ça reste des anecdotes mais c'est assez révélateur d'un certain climat et qui explique pourquoi certains quartiers sont pratiquement laissés à l'abandon, à Courvilliers comme ailleurs dans le 93.

     

     Bon je m'arrête là. Bref, vous l'aurez compris, Artana c'est un très bon roman, loin des clichés habituels sur la banlieue. 

     

    Allez next.

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    Résumé Babelio

     

    «Pâle fin de journée et la gare est déserte. Dans les cafés les lumières ne sont pas encore allumées. Dean est assis dehors à une des tables en fer. Dans la rue en pente bordée d'arbres qui débouche sur la place, minuscule, presque seule, Anne-Marie descend.»
    Elle n'est pourtant pas si jolie. Mais Dean est fou d'elle, de son corps, de sa peau. Le temps d'une virée à travers la France, ils vivent un amour radieux, incandescent et fatalement éphémère...

     

     

    Pour la petite histoire (parce qu'il y en a toujours une), j'ai acheté ce bouquin un peu par hasard. J'étais parti acheter Artana Artana! le dernier Daennincks et un recueil de nouvelles de James Salter était sur le présentoir. N'étant pas un grand fan de nouvelles, j'ai demandé à la libraire si elle aussi des romans de l'auteur et lequel elle me conseillait. Conseiller est un bien grand mot dans la mesure où elle m'a sorti ce livre comme si je l'emmerdais et qu'elle n'a même pas été fichue de m'en faire une mini présentation. Je sais pas, ma gueule ne devait pas lui revenir vu qu'elle racontait toute sa vie à une femme qui était devant moi avec un grand sourire qui a disparu quand ça a été mon tour.
    Il faut croire que j'ai pas la gueule de l'emploi (ou de la clientèle).Enfin bon, il faut plus pour me perturber, même si combiné à ma récente escapade à Rome, ça commence à faire pas mal...

     

    Enfin bref, j'avais vaguement déjà entendu le nom de l'auteur et ça m'intriguait, alors je lui ai fait confiance et j'ai acheté le bouquin.

     

     Pour la bio express du mecton c'est par là:

     

     James Salter est né à New York où il passe son enfance et son adolescence. En 1945, il termine ses études d'ingénieur, sort cinquième de sa classe de la prestigieuse académie militaire de West Point et entre dans l'US Air Force comme pilote. Salter participe à la guerre de Corée, puis il prend la décision d'entrer au Pentagone. Il est affecté en France et commence à écrire. Fortement marqué par les figures tutélaires d'Irwin Shaw, Robert Phelps et Robert Emmett Ginna, le lieutenant-colonel Horowitz publie son premier roman sous le nom de James Salter en 1956 et démissionne de l'armée pour se consacrer pleinement à l'écriture.                

     

    (source Amazon)

     

     

    James Salter jeune (une vraie gueule d'acteur)

     

     

     Ils auraient pu rajouter qu'il a écrit six romans, plusieurs scénarios et des nouvelles mais bon on va pas trop en demander.

     

    Pour en revenir au bouquin, une fois n'est pas coutume, je vais essayer de faire bref. Déjà c'est très bien écrit. Des phrases souvent courtes, un style assez visuel et à la fois poétique. Pas de doute James Salter n'est pas un manchot. On est ici dans la littérature, la vraie.

    Bon ça c'est pour les bons trucs. Parce qu'après bon... Le style fait qu'on est vite pris par l'histoire, enfin ça a été mon cas. Jusqu'à ce que... jusqu'à ce que j'aie l'impression qu'elle n'avance plus en fait. Pour résumer, une jeune bellâtre oisif du nom de Philip Dean rencontre une jeune greluche dans la province française des années 60. Et c'est tout, ou presque.  Et ensuite ils baisent. Ils baisent, baisent, rebaisent et re rebaisent encore, leurs séances de baise entrecoupées de virées dans différentes villes de province, tout cela décrit par un héros totalement insipide et  anti charismatique au possible. L'homme c'est l'homme invisible. Sa seule fonction est de décrire ce qui l'entoure.

    Ce qui est marrant (ou pas) c'est qu'en lisant le truc ça me rappelait vaguement un article de Première (le mag de ciné) à propos d'un film coréen que la journaliste résumait par :"premier trou, deuxième trou, troisième trou". Parce que c'est aussi un peu le cas ici. Et ironie du sort, en lisant le nom du "héros", et en bon connaisseur que je suis,  je ne pouvais m'empêcher de penser qu'un acteur français de l'écurie Dorcel portait le même nom dans les années 90-2000.

     

     

    Bon j'arrête mes conneries (même si c'est vrai). 

     

     

    En soi, c'est  pas une idée plus saugrenue qu'une autre de mettre le narrateur en retrait, ce dernier étant plus le témoin d'une histoire d'amour. Mais je ne sais pas ça n'a pas pris chez moi. Et c'est bien dommage parce qu'il y a de la magie dans cette histoire d'amour "impossible" tragiquement banale et dont les mécanismes sont extrêmement bien décrits.  

    Quelque part, le livre m'a fait penser à Francis Scott Fitzgerald (même si je n'ai pas lu Gatsby c'est l'idée que je m'en fais), et à des bouquins comme le Grand Meaulnes pour le portrait d'un personnage à travers les yeux de son ami de narrateur, voire même à Sur La Route (après tout le personnage s'appelle Dean, est charismatique, passe son temps à vadrouiller et ressemble un peu à son homonyme en tant que parasite).  Mais bon ça reste des détails, et le roman a son identité propre.

     

     

    Je m'arrête là. Pour résumer, Un Sport et Un Passe temps (le titre est tiré d'une sourate apparemment) est un beau roman, très bien écrit, une belle histoire mais qui ne m'a pas parlé outre mesure. Et puis j'ai pas trop compris l'intérêt de raconter la vie d'autres personnages alors que ça ne débouche sur rien. J'ai dû passer à côté de quelque chose.

     

    J'attendrai avant de me faire les autres (si jamais c'est le cas).

     

     

    Allez next

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    Résumé Amazon:

     

    «En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.»

     

     

     

    Avant tout il faut savoir qu'il s'agit d'un roman autobiographique, et qu'Eddy Bellegueule, aussi étonnant que cela puisse paraître est bien le vrai nom d'Edouard Louis (enfin, il a fini par changer définitivement à l'état civil). Pour la bio on va faire bref: il est né en 1992 et a grandi à Hallencourt dans la Somme. Après un diplôme à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, il dirige un ouvrage collectif sur Bourdieu, puis plusieurs essais dont un sur Foucault. En 2014 sort son premier roman En Finir avec Eddy Bellegueule qui obtient un grand succès. Ont suivi deux autres romans: Histoire de la Violence en 2016, et Qui a Tué Mon Père en 2018.

     

     

     

     

     

     

    Savez-vous ce qu'est un incipit? Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un incipit, vous pouvez aller sur Google / Wikipedia, ou bien simplement lire la suite. Un incipit donc, c'est une introduction. Enfin par n'importe quelle introduction. C'est un peu l'entrée en matière dans un roman, qui se caractérise en général par une phrase plutôt marquante, et qui fait presque figure de note d'intention. Parmi les incipit les plus célèbres on peut citer "Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas." Tirée de l'Etranger de Camus, cette phrase résume en fait assez bien quand on y pense toute la condition d'un individu passif, et en apparence indifférent à ce qui lui arrive alors qu'il s'agit plutôt d'une certaine résignation.

    De la même manière, un des incipit les plus célèbres, peut-être même le plus célèbre, de la littérature française, voire de la littérature tout court est celui du narrateur Du Côté de Chez Swann. "Longtemps je me suis couché de bonne heure." Ouais, rien que ça. C'est bizarre comme une phrase aussi simple peut se révéler aussi forte finalement.

     

    L'incipit du livre qui nous intéresse ici, si on ne peut pas le comparer aux chefs-d'œuvre précités reste tout de même assez fort. Jugez plutôt: "De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux."

    Oui, en plus de renvoyer un peu à Proust ça met l'ambiance direct (d'ailleurs par moments avec ses parenthèses et ses digressions ça rappelle un petit peu l'amateur de madeleines). On entre dans le vif du sujet.

     

    Et en effet, on ne peut pas faire mieux comme note d'intention tant la suite du bouquin est à l'avenant.

     

     

    Bienvenue Chez les Ch'tis

    Je vais pas m'étendre sur les détails assez glauques du roman mais à le lire on pourrait presque croire qu'il a vécu au 19ème siècle au milieu des mines de charbon. Putain c'est Germinal le truc. Les gens usés dès la trentaine, les filles enceintes à 20ans (maximum), la misère sociale, intellectuelle, sexuelle, l'alcool, les dents pourries, l'hygiène douteuse, la violence ordinaire... Putain il est plus jeune que moi le mec!! Que je retrouve son coin histoire que j'y mette jamais les pieds lol. Même moi qui ait vécu une enfance difficile j'ai pas vécu ça en région parisienne lol. Bon à part les gens aux dents pourries, les filles mères, le chômage, l'alcool, la violence, la misère sociale... Ah ben si en fait.

     

    En fait sérieusement, pour en avoir parlé avec des gens du Nord y a quand même une différence non négligeable entre la misère qu'on trouve en Ile de France et celle d province, notamment du Nord. D'ailleurs toutes proportions gardées, lui ce qu'il propose c'est de la cassocerie high level, et comme on est dans le Nord, il faut bien un peu de consanguinité, de "pédophilie" et d'inceste, histoire de faire honneur à une certaine banderole du PSG. Bref, c'est un roman rempli de prétendants à un épisode de Strip Tease.

     

    Comme dirait Galabru:

     

     

     

     

     

    Malgré tout, et surtout malgré toute la compassion que je peux avoir pour le bonhomme et son parcours, j'ai par moments été un peu mal à l'aise en lisant le truc. Pas mal à l'aise comme si j'avais lu un truc d'une horreur insoutenable mais plutôt mal à l'aise comme si je voyais à travers le récit comme une espèce de complaisance dans la misère. Un peu comme si c'était un peu un forceur. Je veux dire que sans remettre en question ce qu'il a vécu, c'est un peu comme si le mec avait vécu en enfer,  comme si l'univers qui l'a vu grandir ne lui avait procuré absolument aucun bienfait. Il n'y a aucune contrepartie, aucune chose qui pourrait nuancer ne serait-ce qu'un tout petit peu ce constat. Ce coin c'est un peu Village des Allocs.

    De la même manière, toujours dans la retranscription de son parcours, je ne sais pas si c'est parce que je suis noir, mais il y a un truc qui m'a gêné. Quand je dis que je suis noir, c'est parce que bon d'un point de vue culturel chez les Noirs en général, il y a toujours une espèce de pudeur, une certaine retenue à exprimer certains trucs comme la sexualité, la famille, ce genre de truc. Quand je parle de ça, je fais allusion à la manière dont il décrit ses parents, avec une espèce de retrait comme s'il parlait presque d'étrangers. Alors oui la  relation complexe qu'il a entretenu avec son entourage et notamment ses parents est évidemment au cœur du bouquin mais je ne sais pas, ça m'a gêné. Dresser un portrait pareil (même s'ils sont comme malgré eux), de manière aussi détachée ça me laisse presque perplexe. D'ailleurs, à la limite, s'il y a un personnage qui s'en tire un peu mieux que les autres c'est son père, un produit de son environnement, peu éduqué, rustre, raciste, mais qui conserve une certaine "noblesse" d'âme, un homme qui ne sait pas comment aimer son fils, ni comment accepter le fait qu'il est "différent" et un peu à l'opposé de tout ce qu'il apprécie.

     

    Enfin, il y a un dernier truc qui m'a... Jusqu'ici je me considérais plutôt comme ouvert d'esprit. Je n'aime pas le mot "tolérant", je trouve qu'il sous-entend un certain jugement, genre "je n'aime pas ce que tu fais mais bon je le tolère". Ca me gène un peu, cette espèce de connotation d'ordre moral. Après tout, quand on regarde un peu, en général quand on parle de tolérance on parle également d'interdit (sauf quand on parle de santé évidemment). Enfin bref, tout ça pour dire que j'en ai jamais eu grand chose à foutre de l'homosexualité. Je pars du principe que chacun fait ce qu'il veut. Mais bon il faut croire que tout le monde a son seuil de "tolérance" lol.

    Pourquoi je dis ça? Parce qu'une partie du roman est évidemment axée sur sa découverte de la sexualité, et l'affirmation de son homosexualité un peu envers et contre tout. Je dis évidemment mais je suis tellement con que j'avais pas capté. Du tout, fidèle à lui-même, il décrit son "initiation", à un âge précoce (à un âge où personnellement je regardais encore le Club Dorothée), et également ses fantasmes tout cela avec l'approche qu'on lui connait. C'est froid, clinique, glauque et riche en détails. Perso je m'en serais bien passé. Ca m'a un peu dégoûté. Si c'était l'objectif, je dois dire que c'est réussi.

     

     

    Je me rends compte que j'ai été assez bavard alors je m'arrête là (ça prend du temps d'écrire tout ça). Personnellement En Finir Avec Eddy Belle Gueule est un beau livre, bien écrit, assez dur et assez touchant, que j'ai globalement  apprécié même si j'émets quelques réserves vis-vis du regard presque clinique qu'il pose sur son environnement d'origine. Par ailleurs certains passages m'ont quand même un peu dégoûté, du coup je pense que je vais faire l'impasse sur le suivant qui m'a l'air encore plus joyeux et généreux en détails scabreux.

     

    Allez next!

     

     

    Ah oui: à noter que le roman a été adapté au ciné sous le nom de Marvin ou la Belle Education d'Anne Fontaine (clin d'œil à Almodovar?), adaptation dont Edouard Louis s'est relativement désolidarisé (il n'a ni renié ni soutenu le film). Je pense que je vais aussi passer mon tour.

     

     

     

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    Bon j'ai pas trouvé mieux comme illustration alors on va faire avec.

     

     

    Résumé de l'auteur (enfin je crois)

     

    Alex a tout pour être heureux : une femme magnifique, une fille adorable, un travail passionnant. Son couple a bien traversé quelques périodes difficiles ces dernières années, mais avec sa femme, ils se sont accrochés à l’espoir de vivre des jours meilleurs… Alex regrette néanmoins d’être parfois trop distant. Engagé dans un appel d’offres crucial pour l’avenir de sa société, le jeune entrepreneur ne ménage pas ses efforts pour tenter de remporter les cinq millions d’euros mis en jeux. Mais alors que le dénouement approche, un maître chanteur va anéantir tous ses espoirs et faire planer au-dessus de sa tête une lourde menace... Un matin, Sacha croise la route de Sandra, une jeune femme à la beauté saisissante. Une jeune femme mystérieuse qui dissimule une indicible tristesse sous un sourire de façade. Une jeune femme que Sacha désire revoir à tout prix au risque de dévoiler son vrai visage : celui d’un père rongé par le remords, celui d’un homme en quête de renouveau. Le visage d’Alex, tout simplement. Alex... Sacha... Deux personnalités si différentes. Deux vies que tout oppose. Deux histoires pourtant liées par le destin.

     

     

    Oui c'est un peu long comme résumé.

     

    Commençons par l'auteur: 

     

    Cédric Castagné est un écrivain autodidacte français qui... bon bah c'est un écrivain quoi. Il m'a demandé d'enlever sa bio alors c'est fait.

     

    J'ai déjà parlé de l'auteur, Cédric Castagné, ICI, et donc de la manière dont je suis tombé sur son bouquin. Comme je ne l'ai acheté pour la déco, j'ai profité d'un creux après L'Enfant Peul pour m'y atteler.

     

     

    Je vais faire assez bref, parce que je l'ai lu il y a déjà une dizaine de jours et que je suis passé à un autre bouquin depuis (Eddy Bellegueule). Comme on a pu le voir (ou non), Un Dernier Mot avant de Partir est un premier livre, avec tout cela comporte en bien comme en moins bien. Le pire c'est que c'est pas de moi mais bien de l'auteur.

    Tout d'abord il faut souligner le fait que c'est plutôt bien écrit. Sans être du Proust, on voit que l'auteur maîtrise plutôt bien sa prose. Des phrases courtes, succinctes, qui vont à l'essentiel mais sans pourtant faire "pauvres". Cette simplicité du langage permet d'une part de gagner en clarté dans une histoire somme toute assez floue, et d'autre part d'avancer assez vite dans la lecture. parce qu'il faut le dire: s'il y a bien une qualité à ce bouquin c'est la rapidité avec laquelle il se dévore. Même si on peut se perdre un peu au départ avec les différentes "parties" du roman avec les différents temps employés, on finit pas s'y faire assez rapidement.

    Le problème, parce qu'il y en a un (plusieurs en fait) en ce qui me concerne, c'est l'enjeu. On passe la plus grosse partie du bouquin à suivre un obscur appel d'offres pour lequel je ne suis pas particulièrement passionné. Agility va-t-elle remporter l'appel d'offre malgré les menaces? Humm... mouais, désolé de le dire mais ça ne vend pas du rêve quoi. Je sais pas, le dernier polar que j'ai dû lire ça devait être Le Chuchoteur, alors passer d'un pédophile, d'un kidnappeur, d'un tueur en série et j'en passe (tout ça dans le même livre) à une start-up et un appel d'offres... ça chatouille mes lombaires.

    D'ailleurs en vrai, même si j'exagère un peu, ce n'est même pas tant le sujet qui n'est pas très intéressant. Quand tu vois un film comme Margin Call qui parle de l'épicentre d'une crise boursière avec des mecs qui s'excitent devant des ordinateurs et des réunions de crise, et bien J.C Chandor réussit personnellement bien plus à me captiver avec son film que n'importe quel Marvel. C'est une question de... de narration. De narration et de personnages. Alors oui, je le concède, on ne peut pas comparer un film et un bouquin mais bon globalement les schémas narratifs sont globalement assez similaires dans 80-90% des cas.

     

    En fait, Un Dernier Mot Avant de partir, est un roman au dénouement assez malin. C'est d'ailleurs la force et la faiblesse du livre. Le dénouement plus malin que la moyenne permet en fait à la manière d'un twist de comprendre les tenants et aboutissants de l'histoire. La contrepartie, c'est qu'il faut attendre la toute fin pour voir toute l'histoire  s'emboîter. En fait j'ai un peu eu la mauvaise impression que l'auteur avait trouvé le dénouement et construit l'histoire autour. En même temps c'est pas spécialement grave c'est une démarche comme une autre. Simplement là ça m'a laissé un petit arrière goût un peu amer, un peu comme si l'histoire justifiait la conclusion et non l'inverse.

     

    Je ne vais pas m'attarder d'avantage. Pour faire bref, avec Un dernier Mot Avant de Partir, Cédric Castagné a signé un "thriller" plutôt sympathique mais qui pêche par ses personnages un peu fades et se repose un peu trop sur son dénouement. Pas grave, même Dostoïevski n'a pas commencé sa carrière en pondant un classique. Je lirai très probablement le second qui devrait sortir incessamment sous peu.  Et puis, rien que pour être allé au bout de sa démarche d'autoédition, ça mérite mon respect. Par contre faudra m'expliquer la couverture.

     

    Allez next.

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